La revue de l’année 2018

Par Michel Bouchard

  1. Le Brexit; Le 23 juin 2016, les Britanniques ont pris la planète tout entière par surprise en votant en faveur de leur sortie de l’union européenne. Depuis lors, c’est Theresa May, qui pilote le difficile dossier de la sortie. Après près d’un an et demi de négociations, les deux parties du dossier en sont venus à une entente sur un projet d’accord. Bien que critiqué de toutes parts, les dernières barrières pour la fin de l’union sont en train de tomber. Un Brexit qui pourrait survenir, mais qui pourrait être bloqué, notamment, par une opposition hostile à la solution négociée du retour d’une frontière physique entre le deux Irlande.
  2. Les 100 ans de l’Armistice : Le dernier mandat jour du souvenir était l’occasion de se rappeler la fin de la première guerre mondiale. Une guerre qui a fait 19 millions de morts et qui a traumatisé des générations entières. Il y a cent ans, le 11 novembre 1918, été signé l’armistice entre les pays de l’entente et l’Allemagne, première étape vers la Deuxième Guerre mondiale.
  3. Élections de mi-mandat aux États-Unis: Le premier mardi du mois de novembre était l’occasion pour tous les électeurs américains de se prononcer sur la présidence controversée de Donald Trump. Certains observateurs prédisaient ou espéraient, une vague démocrate. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Le verdict populaire a été pas mal moins sévère que lors des deux mandats de Barack Obama, car le Président n’a perdu que le contrôle de la chambre des représentants. Mon verdict : les électeurs américains sont relativement satisfaits de leur Président.
  4. Élection de Bolsonaro au Brésil ; Le 28 octobre dernier, les citoyens du plus important pays émergent d’Amérique du Sud se sont donné comme Président un raciste homophobe. Les médias ont rapidement fait le rapprochement avec Donald Trump. Bien qu’ayant certaines similitudes dans leur discours respectif, cette élection est surtout explicable par le rejet en bloc du parti des Travailleurs de Lula(emprisonné) et de Dilma Roussef.(destituée) Après des années de suspicions de corruption des dirigeants en place, le discours simpliste de cet homme a su profiter du désabusement de l’électorat brésilien.
  5. L’affaire Jamal Khashoggi: C’est l’histoire de ce blogueur saoudien qui s’est rendu à l’ambassade de son pays à Istanbul et qui n’en est jamais ressorti. Le gouvernement saoudien a avoué son implication dans sa disparition. Pour plusieurs, il s’agit d’une manœuvre de censure des médias et pour d’autres, un tentative du Roi Ben Salmane, de faire taire un proche de la famille royale. Toujours est-il, que cette histoire vient de mettre un certain froid dans les relations diplomatiques entre l’Occident et cette monarchie wahhabite. C’est dans cette foulée que le Times a fait de Khashoggi sa personnalité de l’année 2018. Il reçoit cet honneur à titre posthume, en compagnie de 56 autres journalistes qui ont perdu la vie cette année dans le monde ;
  6. La caravane de migrants en provenance du Honduras;(politiques migratoires: C’est l’histoire de l’automne, ces hordes de réfugiés tentant de franchir des milliers de kilomètres vers l’eldorado américain. Malgré les menaces sous forme de « tweets» du Président américain, les réfugiés sont entassés à la frontière mexicaine, dans l’attente d’un visa ou d’un statut légal. En cas de refus, la voie illégale sera celle privilégiée, car le retour en arrière est impossible pour ces désespérés ;
  7. La légalisation du cannabis: Après l’Uruguay en 2013, le Canada est devenu le deuxième pays à procéder à la légalisation du cannabis. Il est à noter que l’objectif de cette chronique n’est pas de faire un débat sur ce sujet ;
  8. Bataille commerciale entre la Chine et les États-Unis: Depuis le début de l’année, les deux géants sont engagés dans une guerre commerciale qui ne peut qu’être néfaste pour l’économie mondiale. Donald Trump et Xi Jinping sont engagés dans une escalade tarifaire entre les deux pays et laisse présager un avenir sombre. Dans les faits, il ne se passera rien, car l’interdépendance de ces deux pays fait de ceux-ci les deux meilleurs ennemis au monde ;
  9. Décès de John McCain: Ancien candidat républicain défait lors de la course à la Maison-Blanche de 2008 , il mérite une place dans mon palmarès de l’année, pour s’être opposé à titre de sénateur de l’Arizona, et ce malgré la maladie, au sabordement du Obamacare.
  10. Ingérence russe dans l’élection américaine: La preuve est faite, il y a bel et bien eu ingérence. Bien qu’il y ait des têtes qui ont roulées, le procureur spécial Robert Mueller, tente de lier par tous les moyens, le Président américain à cette histoire. Bien que je ne sois pas un grand partisan de Trump, cette enquête commence à ressembler de plus en plus à de l’acharnement d’un fonctionnaire zélé. Cette histoire me fait penser à  celle d’un certain Kenneth Starr…Qui est-il ? Je vous laisse chercher…
  11. Les Bleus champions: L’équipe de France soccer a été sacrée championne du monde pour une deuxième fois en vingt ans;
  12. Le sommet Trump-Kim: Le 12 juin s’est tenue la première réunion de l’histoire entre un président américain et un Kim de la Corée de Nord. Ce fut un spectacle émouvant, mais qui ne règlera pas vraiment la situation dans un pays qui tient sa population en otage depuis près de 70 ans et qui possède toujours l’arme nucléaire;
  13. Transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem: C’est la provocation de l’année…C’est l’unique objectif que je vois concernant cette manœuvre;
  14. Retrait des Américains de l’entente sur le nucléaire avec l’Iran: Une entente négociée pendant 10 ans et active depuis 2015. Donald Trump a renié la signature des États-Unis en déchirant l’entente. Les sanctions économiques qui vont découler de cette déchirure pourraient avoir de conséquences extrêmement sérieuses, comme de provoquer une hausse majeure du prix du pétrole. Histoire à suivre…
  15. Facebook et l’affaire Cambridge Analytica:Le scandale déclenché par l’affaire de l’entreprise Cambridge Analytica vient, une fois de plus, remettre en question l’utilisation des médias sociaux comme Facebook. On le savait déjà, mais la vie privée n’existe plus. Il fut un temps que ce concept était violé par des gouvernements paranoïaques. Ceux-ci existent encore, mais nous avons aussi affaire à des gens peu scrupuleux qui sont prêts à tout pour faire de la business. À cet égard, les quantités industrielles d’informations que nous laissons avec ou sans notre consentement sur le Web constituent une véritable mine d’or. L’histoire débute en 2013, lorsqu’une entreprise nommée Cambridge Analytica, cofondée par un certain Steve Bannon, développa l’expertise pour influencer les résultats des scrutins dans des démocraties. Pour ce faire, l’entreprise utilisait différentes techniques pour arriver à ses fins, création de scandales, fake news, profilage électoral, etc. C’est dans cet esprit qu’elle a mis sur pied une application pour dresser le profil psychologique des utilisateurs de Facebook. De cette manière, l’entreprise a pu obtenir, avec leur consentement, les réponses de 270 000 utilisateurs de Facebook aux États-Unis. Les concepteurs de l’application avaient inclus un algorithme qui permettait d’avoir accès aux informations de tous les amis des gens qui avaient consenti à remplir le questionnaire. Au total, ce sont les données de près de 87 millions d’utilisateurs qui ont été aspirées et vendues à des gens peu scrupuleux. Des profils psychologiques par millions, qui constituaient une véritable mine d’or pour quiconque voulait influencer les résultats d’un vote.
  16. L’affaire Skripal: C’est l’histoire de cet  ancien agent soviétique, maintenant citoyen britannique, qui aurait été empoisonné par le gouvernement russe. Les enquêteurs ont reçu la preuve qu’il s’agissait d’un poison d’origine soviétique qui avait été utilisé. À partir de là, la première ministre, Theresa May, a ordonné l’expulsion de diplomates russes. Les Français, les Américains et les Allemands ont fait la même chose. En réponse à ces actions diplomatiques, les Russes ont ordonné l’expulsion d’une grande partie des diplomates occidentaux, tout en se défendant d’avoir empoisonné cet ancien officier soviétique et sa fille. On nage ici en pleine tourmente de la guerre froide. La diplomatie est le canal de saines relations. Ces renvois de diplomates constituent des actes de guerre et laissent présager une escalade potentielle. Il n’y a aucun doute, le torchon brûle entre l’Est et l’Ouest.
  17. JO de Peonchang: Je l’évoque dans ma chronique, car selon influence communication, le poids médiatique de cet événement planétaire a été encore une fois à la hauteur, malgré le scandale pré olympique des athlètes russes ayant participé à un système de dopage systématique. On est loin de l’idéal de Pierre de Coubertin.
  18. Cop 24: Malgré une entente in extremis sur les suites à donner à l’entente de Paris, l’année se termine en queue de poisson, avec une conférence qui a été minée par des États septiques à l’égard de la problématique des changements climatiques. Le doute ainsi entretenu est un puissant anesthésiant pour continuer à ne rien faire !!!
  19. Guerre au Yémen: Bien que personne ne parle de ce conflit, il convient d’évoquer certains faits par rapport à cette tragédie oubliée. Selon Amnistie internationale, il y aurait eu depuis 2014 dans ce pays: 6000 morts civils, 3 millions de déplacés, 22 millions de personnes vivant sous la menace de la famine et 2,5 millions d’enfants déscolarisés.

La guerre froide 2.0

Par Michel Bouchard

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et leur expulsion du G8, les relations entre l’Est et l’Ouest sont difficiles. Les récentes frappes d’une coalition internationale, à l’encontre du régime syrien, mêlé à l’affaire de l’ancien espion soviétique Sergei Skripal, viennent carrément de nous propulser dans une dynamique de guerre froide 2.0. D’un côté, une coalition menée par le géant américain, avec ses sujets britanniques et français et de l’autre les Russes, accompagnés des régimes syrien et iranien. Laissez-moi vous faire un petit portrait de la situation et répondre à la question suivante: devons-nous nous inquiéter de l’avenir ?

L’affaire Skripal
C’est l’histoire de cet ancien agent soviétique, maintenant citoyen britannique, qui aurait été empoisonné par le gouvernement russe. Les enquêteurs ont reçu la preuve qu’il s’agissait d’un poison d’origine soviétique qui avait été utilisé. À partir de là, la première ministre, Thérésa May, a ordonné l’expulsion de diplomates russes. Les Français, les Américains et les Allemands ont fait la même chose. En réponse à ces actions diplomatiques, les Russes ont ordonné l’expulsion d’une grande partie des diplomates occidentaux, tout en se défendant d’avoir empoisonné cet ancien officier soviétique et de sa fille. On nage ici en pleine tourmente de la guerre froide. La diplomatie est le canal de saines relations. Ces renvois de diplomates constituent des actes de guerre et laissent présager une escalade potentielle. Il n’y a aucun doute, le torchon brûle entre l’Est et l’Ouest.

Les divergences sur la Syrie

C’est un fait connu, Bachar Al-Assad est un barbare du pire acabit. Après avoir massacré sa population de 2011 à 2014, il eut la bénédiction de voir émerger les rapaces de l’État islamique. Dans ce contexte, la communauté internationale, n’étant pas capable de s’entendre sur les actions à poser contre le régime syrien, a dû se résoudre à concentrer son action contre le groupe terroriste. Depuis, il y a eu un glissement des visions sur les actions à poser sur ce territoire. Surtout depuis, que les Russes ont annoncé la victoire sur l’État islamique. À partir de là, que faire sur la suite des choses ? D’un côté, les Russes sont totalement derrière Bachar Al-Assad en niant la réelle problématique. Un problème accentué par le fait que le dirigeant syrien continue de pilonner son pays et en particulier le territoire de la Ghouta orientale et ce, encore une fois, à l’aide de gaz chimiques. De l’autre, il y a des Occidentaux qui ne savent pas quoi faire…d’où les frappes aériennes de la fin de semaine dernière. Des frappes qui n’ont eu pratiquement aucun impact, si ce n’est que de montrer ses muscles et de provoquer des protestations du côté des Russes. Des protestations donnant dans la rhétorique d’une nouvelle guerre froide, du style: « vous avez violé la souveraineté de la Syrie, ce qui va à l’encontre du droit international et vous devrez en subir les conséquences.»
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En conclusion, le refroidissement des relations Est-Ouest peut sembler quelque peu inquiétant. Poutine tente de recréer ce contexte, pour s’élever au grade d’icône russe des temps modernes. Un affrontement avec les Occidentaux, qui fait de lui un personnage encore plus populaire. Dans les faits, nous ne sommes plus dans les années 1970. Le monde a changé, car il n’est plus bipolaire. Les derniers événements semblent pointer vers une ancienne conception du monde. Une vision manichéenne qui divisait le monde entre les bons et les méchants. La dynamique planétaire n’est plus de cet ordre, car nous vivons dans un monde multipolaire. Toutefois, ce qui m’inquiète, c’est de voir à quel point ce nouvel affrontement sera vecteur de plus grands désaccords au sein du Conseil de sécurité. Ce conseil, outil de règlement des problématiques mondiales, qui est devenu inefficace en raison des divergences de ses membres. Il est grand temps d’une refonte de l’organisation, car en attendant la fin de ces affrontements de vieilles rhétoriques de la guerre froide, ce sont des peuples qui en font les frais…

 

L’histoire se répète et se complique

Par Michel Bouchard

Il y a plusieurs endroits dans le monde où il ne fait pas bon vivre. Le Québec n’en fait sûrement pas partie. Je sais qu’une tempête au mois d’avril, c’est dur pour le moral, mais ça n’arrive pas à la cheville de ce qui se passe en Syrie. Depuis 2011, ce pays est affligé par un conflit d’une violence inouïe. À l’origine, une révolte populaire réprimée par un barbare, le conflit a muté vers un affrontement contre Daech et aux lendemains de la déclaration de victoire sur le mal islamique, rien n’est encore réglé. Le gouvernement syrien continue de s’acharner sur une poche de résistance située dans la région de la Ghouta. Il y aurait eu encore l’utilisation de gaz chimiques, par le gouvernement syrien. Décidément, l’histoire se répète et c’est encore le peuple qui en fait les frais. Donald Trump vient d’annoncer que des frappes étaient éminentes et les Russes ont mis en garde les Américains devant l’éventualité de cette agression. Je vous propose donc la relecture d’un article que j’avais écrit au mois d’avril 2017.

On fait quoi après ?

Les images choquantes du massacre de Khan Cheikhoune, qui nous sont parvenues, ont fait réagir le Président des États-Unis. Hier, les Américains ont décidé de lancer une action militaire en Syrie avec le bombardement d’une base aérienne d’où avait été lancé les armes chimiques. Dans un geste de rhétorique, les Russes ont dénoncé cette agression armée sur un territoire souverain. Je crois que cette action était nécessaire en raison de la paralysie du Conseil de sécurité. Une fois cela dit, ont fait quoi avec la Syrie ? Les Américains ont frappé, ses alliés ont approuvé et la Russie vient d’exprimer son mécontentement. Ça ressemble de plus en plus à la réinstallation d’une dynamique de Guerre froide. Au final, ce seront les Syriens qui feront les frais de cette dynamique. Il y a eu une action hier, mais la situation continue d’être désastreuse dans ce pays. Avant de répondre à ma question, il convient de rappeler certains faits.

  1. Le conflit syrien s’est amorcé en 2011, dans la foulée de ce qu’on a appelé le « Printemps Arabe »;
  2. Ce mouvement de contestation populaire voulait le départ de Bachar Al-Assad qui était en poste depuis 2000. Il avait succédé à son père qui lui était là depuis 1970;
  3. Bachar Al-Assad a durement réprimé cette révolte populaire en allant jusqu’à utiliser des armes chimiques contre sa population en 2011. Juste avant ces événements, Barack Obama avait tracé une ligne rouge que le Président de la Syrie ne devait pas franchir. On connaît la suite!;
  4. Cette révolte est devenue une guerre civile entre le gouvernement et les rebelles anti-Assad.(Il y a plusieurs groupes impliqués);
  5. C’est à partir de 2013 que le groupe armé État islamique est entré en jeu en Syrie. Ils ont profité du chaos pour mettre à exécution le plan d’établir un Califat islamique qui serait situé à cheval sur la Syrie et l’Irak;
  6. En 2015, les Russes sont entrés en action dans le conflit pour tenter de repousser l’État islamique et stabiliser le gouvernement de Bachar Al-Assad;
  7. Afin de condamner ces gestes et prendre des actions concrètes pour aider les Syriens, le Conseil de sécurité n’a jamais été capable de s’entendre. C’est la Russie et son allié chinois qui ont bloqué toutes les tentatives, avec leur droit de Véto;
  8. Le 6 avril 2017, les Américains lancent 59 missiles Tomohawks sur une base aérienne. Cette agression armée est dénoncée par Moscou;

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) le conflit a fait entre 320 000 et 470 000 morts. Il y aurait 11 millions de déplacés ou de réfugiés dans ce pays qui comptait 21,5 millions d’habitants en 2011. Selon l’OSDH, le régime d’Assad serait le principal responsable de ce lourd bilan.(voir lien ci-dessous)

Ce pays est en ruine et un cancer généralisé le ronge. Son dirigeant est le principal responsable des problèmes et il faut aussi composer avec ces barbares islamiques que sont les membres de Daech.(EI) Comment faire pour rebâtir un peu d’espoir dans ce pays ? Que faire après ces frappes américaines ? C’est quoi la prochaine étape ? J’espère qu’on ne vient pas d’entrer dans une dynamique de Guerre froide. J’espère que la dénonciation des Russes est une manœuvre diplomatique de leur part pour ménager leur allié Syrien. Ils peuvent faire preuve de ménagement, mais je ne peux pas croire qu’ils pensent encore qu’Assad est la solution pour remettre ce pays sur les rails. En terminant, je reviens à ma question de départ: On fait quoi maintenant ? J’espère qu’il y a un plan, mais permettez moi d’en douter… Dans ce plan, il y aurait quelqu’un pour assurer la transition, une force politique qui pourrait servir de courroie de transmission pour assurer la suite des choses. La seule force disponible provient de l’extérieur de la Syrie. Ce sont des exilés qui ont fuit leur pays et qui pourraient y revenir pour reconstruire leur pays dévasté. Un peu sur le modèle irakien…Ouais, mais l’Irak c’est un échec monumental. Je sais… On fait juste jaser ! Je suis de nature optimiste, mais pour la Syrie je ne vois rien. Et si Lawrence d’Arabie était parvenu à ses fins ? En serions-nous là ? (Si vous voulez en savoir plus sur ce personnage, tapez :« Lawrence d’Arabie » sur un moteur de recherche populaire.)

Bonne journée!

 

Facebook et notre vie privée

Le scandale déclenché par l’affaire de l’entreprise Cambridge Analytica vient, une fois de plus, remettre en question l’utilisation des médias sociaux comme Facebook. On le savait déjà, mais la vie privée n’existe plus. Il fut un temps que ce concept était violé par des gouvernements paranoïaques. Ceux-ci existent encore, mais nous avons aussi affaire à des gens peu scrupuleux qui sont prêts à tout pour faire de la business. À cet égard, les quantités industrielles d’informations que nous laissons avec ou sans notre consentement sur le Web constituent une véritable mine d’or.

L’affaire « Cambridge Analytica»

L’histoire débute en 2013, lorsqu’une entreprise nommée Cambridge Analytica, cofondée par un certain Steve Bannon*, développa l’expertise pour influencer les résultats de scrutins dans des démocraties.** Pour ce faire, l’entreprise utilisait différentes techniques pour arriver à ses fins, création de scandales, fake news, profilage électoral, etc. C’est dans cet esprit qu’elle a mis sur pied une application pour dresser le profil psychologique des utilisateurs de Facebook. De cette manière, l’entreprise a pu obtenir, avec leur consentement, les réponses de 270 000 utilisateurs de Facebook aux États-Unis. Les concepteurs de l’application avaient inclus un algorithme qui permettait d’avoir accès aux informations de tous les amis des gens qui avaient consenti à remplir le questionnaire. Au total, ce sont les données de près de 87 millions d’utilisateurs qui ont été aspirées et vendues à des gens peu scrupuleux. Des profils psychologiques par millions, qui constituaient une véritable mine d’or pour quiconque voulait influencer les résultats d’un vote.

C’est quoi le problème ?

Lorsque nous naviguons sur le Web et que nous utilisons les médias sociaux, nous laissons une quantité énorme d’informations à notre sujet. En principe, nous le faisons en toute connaissance de causes. En effet, l’internaute est très rapide à cliquer sur « accepter » et « suivant » et donc, donne l’autorisation à des entreprises, comme Facebook d’utiliser nos données.*** C’est une mine incroyable de renseignements qui sont ensuite vendus à des tierces parties. Ça s’appelle faire de la business. Dans ce cadre, les gouvernements ferment les yeux sur ces violations de la vie privée, en échange d’un accès privilégié à ces renseignements, notamment en matière de sécurité. En définitive, nous pouvons pointer du doigt ces entreprises et nos gouvernements, mais qu’en est-il de notre déresponsabilisation en tant que citoyen numérique ?

Quelles seront les conclusions de cette affaire ?

Probablement, que l’entreprise Cambridge Analytica aura de la difficulté à se sortir de cette tempête, mais Facebook, après avoir vu son titre baisser de façon magistrale la semaine dernière, va s’en remettre sans trop de difficultés. Zuckerberg fera son mea culpa devant le Congrès américain et la vie va continuer. Pour ce qui est de l’utilisateur, aura-t-il tiré des leçons ? Je ne pense pas…Nous sommes dans l’ère de l’impatience où tout doit se faire rapidement. Nous allons oublier ce scandale et on n’a aura pas plus le temps de lire les consignes avant de partager notre vie avec des étrangers.

*Il est le cerveau derrière l’élection de Donald Trump et fondateur du site internet Breitbart, qui est un site à tendance d’extrême-droite. Il est à noter que Bannon a été limogé par la Maison Blanche en août 2017 et qu’il était l’invité surprise du congrès de refondation du Front National de Marine Le Pen la fin de semaine dernière.
**L’entreprise aurait joué un rôle lors des dernières élections au Kenya, aux États-Unis et lors du Brexit.
***Je vous propose la lecture de cet article pour alimenter votre réflexion à cet égard. http://www.lapresse.ca/techno/reseaux-sociaux/201804/02/01-5159528-comment-proteger-ses-donnees-personnelles-sur-facebook.php

 

La culture des armes

Les derniers événements de Parkland en Floride, m’amène à discuter de la question des armes aux États-Unis. La dernière fois que l’attention du public avait été focalisée sur cette cet enjeu, fut lors de la fusillade de Las Vegas à l’automne dernier. Comme je le mentionne souvent à mes élèves, ce sujet est fort intéressant, car il me permet d’en parler dans mes cours à chaque année. Il y aura toujours une fusillade pour justifier notre attention pour quelques jours.

Le deuxième amendement de la constitution américaine

Pour débuter notre réflexion, il est primordial de comprendre que la possession des armes est inscrite dans l’ADN de la culture américaine, parce que inscrite dans la constitution. Ce deuxième amendement stipule que : «tout citoyen américain a le droit de porter des armes.»(Wikipedia «deuxième amendement de la constitution américaine» Ce droit fait donc parti de l’ADN des Américains et ils y sont très attachés. C’est d’ailleurs le mandat que s’est donné le puissant lobby des armes (NRA): celui de chien de garde du deuxième amendement. Pour y arriver, il possède des moyens considérables pour influencer les décisions à Washington.

Le débat est relancé

Donc, suite à cette nouvelle tuerie, le débat fait rage au sujet du contrôle des armes. D’un côté, vous avez le parti républicain qui est infiltré depuis longtemps par la NRA. Leur position consiste à dénoncer ces violences et d’en appeler à des législations pour contraindre la vente d’armes à des gens ayant des antécédents psychiatriques, mais en faisant attention de ne jamais altérer les libertés individuelles. De l’autre côté, les démocrates dénoncent depuis longtemps la vente d’armes d’assaut comme le modèle AR 15, qui a été utilisé dans la fusillade de la semaine dernière. Rappelons que c’est ce type d’arme avait été utilisé lors du massacre dans une école de Sandy Hook en 2012. Ce carnage avait été perpétré par un jeune de 15 ans et avait fauché la vie de six enseignants et de vingt enfants d’une classe de première année. Le débat qu’avait provoqué cette tuerie avait été épique, mais les résultats désolants. Tout ceci dans un contexte où le Sénat était contrôlé par les démocrates de Obama.

Les cartes de l’influence

Dans ce contexte, Donald Trump est sous pression, car les voix s’élèvent pour une législation pour encadrer les ventes d’armes aux États-Unis. Le Président vient d’ailleurs de charger des fonctionnaires d’étudier les alternatives pour interdire la vente de «Bump Stock». Ce dispositif vendu pour augmenter la cadence des tirs d’une arme semi-automatique comme l’AR 15. Partisan de la NRA, ne vous inquiétez pas, car votre lobby a tous les outils pour faire reculer les politiciens sur cette question. L’argent continuera de couler à flot, pour convaincre les républicains plus sensibles à protéger à tout prix le deuxième amendement. Pour les incorruptibles, il faut toujours se méfier de nos squelettes que l’on pourrait avoir dans un placard.

En conclusion, il y eut une tuerie, il y a de la tristesse et il y aura de profondes déceptions… Les armes font partie de la culture américaine et les politiciens n’ont pas le gros bout du bâton dans ce dossier. La NRA a réussi à bloquer toutes les tentatives de Barack Obama pour légiférer sur les armes. Excusez mon manque de positivisme, mais je vous rappelle que ce sont les Républicains qui sont à la Maison Blanche.* Comme l’évoque assez souvent les partisans du lobby pro armes, vous savez ce que ça prend pour arrêter un méchant avec une arme ? Eh oui, un gentil avec une arme! À la blague, je dis souvent aux élèves sur cette question:« Tout le monde le sait, que si tout le monde avait un fusil dans la classe, nous serions tous plus en sécurité…»
*(http://www.tvanouvelles.ca/2017/04/28/trump-a-la-nra-vous-avez-un-ami-a-la-maison-blanche

La revue 2017 des CDMC

Comme je l’ai mentionné lors de ma dernière chronique, voici ma revue de l’année. 2017. J’ai sélectionné quinze événements qui ont, selon moi, marqué cette année. J’ai décidé de ne pas présenter ces événements ou ces phénomènes en ordre chronologique, car il est difficile de classer une nouvelle marquante dans un mois en particulier, car ce sont des événements qui durent dans le temps. De plus, j’ai décidé de sélectionner des événements qui n’ont pas retenu l’attention, histoire de parler un peu du continent africain. Enfin, sans surprise, ma personnalité de l’année 2017 est Donald Trump. Il aurait été facile pour moi d’écrire à ce sujet à tous les jours. Bonne lecture et bonne année 2018.

1. La présidence de Donald Trump:

a. L’affaire russe: Est-ce que les Russes ont entravé la dernière présidentielle ? La réponse pourrait nous conduire vers une destitution de Donald Trump.

b. L’ALENA: Le Président Trump a remis en question l’existence même du traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. L’« America first » pourrait se retourner cont nous.

c. L’Obamacare: La chambre des représentants des État-Unis vient a voté l’abrogation de l’Obamacare. Heureusement que le Sénat s’y soit opposé.

d. L’Accord de Paris: Selon le Président, il s’agissait d’une décision évidente à prendre pour le bien des Américains. D’ailleurs, il en avait fait la promesse durant la dernière campagne. Il n’y a donc encore pas de surprise à ce niveau, même si ce retrait est un peu préoccupant pour l’avenir de la planète. Pour les gens qui pensent que le réchauffement climatique est un canular je vous laisse avec une petite pensée :« Make America great again and fuck up the rest of the world».

e. Les dossiers de l’immigration:

1- Les dreamers: Ce programme qui avait été décrété par Barack Obama en 2012 et qui venait éclaircir la situation de 800 000 immigrants sera graduellement aboli. Ce programme venait régulariser la situation d’immigrants illégaux qui étaient arrivés en bas âge aux États-Unis. Ça sera le retour aux limbes pour bien des gens d’ici quelques années.
2- Le décret migratoire: La Cour Suprême des États-Unis vient de rendre effectif le décret migratoire qui interdisait l’entrée de citoyens en provenance de sept pays à majorité musulmane. Pour l’instant son application reste conflictuelle.
3- Les Haïtiens réfugiés aux États-Unis vont perdre graduellement leur statut de résidence temporaire.

f. La réforme fiscale: Ça vient de passer comme une lettre à la poste à la chambre des représentants. Le Sénat risque de couper le party des ultra riches sympathisants du parti républicain.

g. Rapprochement avec Cuba: Donald Trump vient de refroidir les ardeurs des partisans du rapprochement. Rappelons que les États-Unis imposent un embargo à Cuba depuis 1959. Bien que le régime castriste ne soit pas le plus doux de la planète, le changement de cap de Trump ressemble à de l’entêtement de vieux idéologues qui pensent que la Guerre froide n’est pas terminée.

h. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël : Comment foutre le bordel dans un bordel…

2. Brexit: La PM de la Grande-Bretagne, Theresa May a lancé la procédure devant sortir son pays de l’Union européenne. Est-ce le début de la fin pour l’UE ?

3. La situation en Corée du Nord: Pyongyang a menacé Washington pendant toute l’année: Le régime nord-coréen vient de lancer une série de menaces en 2017. Malgré une série de sanctions à l’égard de ce pays belliqueux, rien n’y fait et les provocations continuent. Est-ce que l’escalade va se poursuivre ?Est-ce que la rencontre de janvier prochain, à Vancouver, peut ramener les différents acteurs sur le chemin de la bonne foi ? Il est à noter que cette rencontre aura lieu sans la Corée du Nord.

4. La Syrie et l’Irak : Près de 500 000 morts plus tard et 12 millions de déplacés (en Syrie) Les Russes ont décrété la victoire sur l’EI. Qui est le vrai gagnant de cette reconquête du Califat islamique ? Bachar Al-Assad, celui-là même qui est en très grande partie responsable de cette tragédie. Pour ce qui est de l’EI, il s’agit d’une défaite sur le plan géographique, mais le Djihad se poursuit et le recrutement va bon train. Les perdants de l’histoire: la population.

5. Lula prend le chemin des cellules : L’ancien président du Brésil vient d’être condamné à neuf ans de prison. Rappelons que ce leader de la gauche brésilienne a été Président pendant huit ans. Il avait laissé sa place à Dilma Rousseff, qui a elle-même été destituée l’année dernière. Le Président actuel, Michel Temer, fait aussi face à des accusations de corruption. Actuellement, il y a environ près du tiers des parlementaires brésiliens qui font face à des accusations de nature criminelle. La plupart ont trempé dans le scandale Petrobras. Une coupe du monde de soccer et des Jeux Olympiques à deux années d’intervalle, ça laisse des traces.

6. Coupures des liens diplomatiques entre le Qatar et six pays arabes : Le torchon brûle entre les différentes monarchies du Golfe Persique. Six pays arabes, dont l’Arabie-Saoudite, les Émirats arabes unis et l’Egypte viennent de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar. L’Arabie-Saoudite, en tête, accuse le Qatar de financer le terrorisme. Comme-ci ce pays, pouvait donner des leçons de rectitude politique.

7. La dictature n’est pas loin de la Turquie : Un an après la tentative de putsch manquée, le Président Erdogan continue sa marche vers la dictature. En effet, le gouvernement a limogé environ 7500 policiers cette semaine.(juillet) C’est 100 000 fonctionnaires, depuis l’année dernière, qui ont perdu leur emploi, en raison de liens présumés avec le prédicateur Gulën, qui aurait conduit le putsch de l’an dernier. Il est à noter que celui-ci est en exil aux États-Unis depuis 1999. Que voulez-vous, les dictateurs ont tendance à être paranoïaque.

8. La Saga vénézuélienne: La révolte continue de gronder dans ce pays pétrolier de l’Amérique du Sud. Nicolas Maduro, Dauphin de Hugo Chavez, tente de garder le contrôle de son pays en réprimant durement les manifestants. Celui-ci, accuse les États-Unis de fomenter un coup d’État…

9. Le temps des indépendances:
a. Indépendance de l’Écosse: Le parlement écossais vient de donner son accord pour faire une autre consultation populaire sur l’indépendance. Rappelons que les Écossais avaient dit non dans une proportion de 55% en 2014.
b. Le Kurdistan irakien: Référendum gagnant et non-reconnaissance de cette victoire par le gouvernement de l’Irak.
c. La Catalogne : un référendum gagnant, une négation espagnole de cette victoire, une dissolution de parlement catalan et un retour de la majorité indépendantiste. Peut-on s’opposer à la volonté d’un peuple ? Si oui, la démocratie est vraiment mal en point.

10. Emmanuel Macron devient le nouveau président de la France : Ça été une victoire relativement facile de la France en marche ! Macron, aura la difficile tâche d’unir les Français, ce qui ne sera pas facile.

11. La Birmanie et les Rohingyas: La dirigeante de la Birmanie et récipiendaire d’un prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kii, est fortement critiquée. Son gouvernement est soupçonné de pratiquer un nettoyage ethnique à l’encontre de la minorité musulmane Rohingya. 260 000 membres de cette ethnie se sont réfugiés au Bangladesh et l’ex-nobélisé ne veut même pas dénoncer la situation.

12. La crise des opioïdes: Donald Trump a décrété un état d’urgence national de santé publique. En 2016, 65 000 américains sont morts en raison d’une surdose d’opioïdes ou d’autres drogues.

13. Xi Jingping affermit son emprise sur le parti communiste: Coup de force du Président chinois lors du 19e congrès du parti. Il est là pour rester…

14. #Metoo ou #Moiaussi : Ils tombent comme des mouches…Serait-ce la fin du silence ?

15. Parlons un peu de l’Afrique :
a. Départ de Mugabe au Zimbabwé: Le plus vieux dirigeant de la planète, le Zimbabwéen Robert Mugabe 93 ans, vient de se faire montrer la sortie! Enfin…
b. Le Sud-Soudan: Malgré un cessez le feu, l’ONU est catastrophé par cette tragédie qui a fait des dizaines de milliers de morts et 4 millions de déplacés…
c. L’affaire des esclaves en Lybie: On ouvre le journal, on lit la nouvelle et après on passe à d’autre chose… Épouvantable…Abjecte…
d. Le chaos en République Démocratique du Congo : Depuis le mois d’août 2016, les violences ont fait des milliers de morts et près d’un million de personnes déplacées dans ce pays. L’ONU a répertorié 42 fosses communes dans la région de Kazaï. On ne parle jamais de ça dans nos médias…

Mes chroniques de 2017

L’année 2017 s’achève et c’est pour cette raison que je désire faire un bilan de mes quelques mois d’écriture. J’ai écrit 50 articles, il y a eu près de 28 000 vues sur le blogue et près de 20 000 visiteurs. Le plus satisfaisant de cette année, a été de mettre l’écriture dans mon quotidien. Il est évident que l’année 2018 ne sera pas aussi productive, en raison du temps que je devrai consacrer à mon travail qui me rémunère. Dans cette chronique, je vous propose tout simplement des extraits de conclusions et d’introductions de chroniques écrites au courant de l’année. Bonne lecture et merci pour vos encouragements.

N.B. Ne pas manquer la semaine prochaine, la publication de la revue 2017 des chroniques du monde contemporain.

  1. …nous sommes confrontés à une dualité que l’on hésite à nommer, car elle oppose un populisme identitaire, poussé par des leaders charismatiques (Trump, Le Pen et Wilders) à une idéologie faisant la promotion du multiculturalisme et véhiculée par des politiciens s’appuyant sur des diasporas probablement fidèles aux caisses de certains partis politiques…Pour les médias et les adeptes du multiculturalisme, le cancer qui gruge les sociétés occidentales, c’est l’intolérant xénophobe. Il faudrait peut-être regarder un peu plus loin, car l’intolérant n’est peut-être pas seulement celui que l’on pense… https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/03/17/le-populisme-un-danger-pour-notre-civilisation/
  2. Nous sommes en 2017 et les rôles ont passablement changé. La droite trouve son pain et son beurre dans la protection des frontières et la remise en cause des différents accords de libre-échange. De l’autre côté, nous avons une gauche plutôt désorientée qui tantôt dénonce le libre-échange(Bernie Sanders) et tantôt l’approuve, mais qui fait la promotion d’une ouverture sur le monde. Pourquoi ce revirement idéologique ? En raison du fait que la mondialisation a apporté un lot de possibilités et de difficultés que nos gouvernements ne sont pas encore capables de gérer. Cette incapacité réside en partie dans la perte de nos repères. C’est pour cette raison qu’il est urgent d’identifier nos valeurs de société et de s’y référer au besoin. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/04/04/un-paradoxe-de-lhistoire/
  3. Ce pays est en ruine et un cancer généralisé le ronge. Son dirigeant est le principal responsable des problèmes et il faut aussi composer avec ces barbares islamiques que sont les membres de Daech.(EI) Comment faire pour rebâtir un peu d’espoir dans ce pays ? Que faire après ces frappes américaines ? C’est quoi la prochaine étape ? J’espère qu’on ne vient pas d’entrer dans une dynamique de Guerre froide. J’espère que la dénonciation des Russes est une manœuvre diplomatique de leur part pour ménager leur allié Syrien. Ils peuvent faire preuve de ménagement, mais je ne peux pas croire qu’ils pensent encore qu’Assad est la solution pour remettre ce pays sur les rails. En terminant, je reviens à ma question de départ: On fait quoi maintenant ? J’espère qu’il y a un plan, mais permettez moi d’en douter… Dans ce plan, il y aurait quelqu’un pour assurer la transition, une force politique qui pourrait servir de courroie de transmission pour assurer la suite des choses. La seule force disponible provient de l’extérieur de la Syrie. Ce sont des exilés qui ont fuit leur pays et qui pourraient y revenir pour reconstruire leur pays dévasté. Un peu sur le modèle irakien…Ouais, mais l’Irak c’est un échec monumental. Je sais… On fait juste jaser ! Je suis de nature optimiste, mais pour la Syrie je ne vois rien. Et si Lawrence d’Arabie était parvenu à ses fins ? En serions-nous là ? (Si vous voulez en savoir plus sur ce personnage, tapez :« Lawrence d’Arabie » sur un moteur de recherche populaire.) https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/04/07/on-fait-quoi-apres/
  4. Ce fut donc une grosse semaine pour le nouveau Président des États-Unis. On est passé d’une politique isolationniste à une politique interventionniste. Ce qui est le plus inquiétant, c’est ce changement de cap drastique de l’administration américaine. Un tel revirement laisse présager des actions rapides de l’administration américaine. C’est d’ailleurs ce qu’a évoqué Donald Trump en fin de semaine lorsqu’il a mentionné la possibilité d’une action unilatérale en Corée du Nord. Alors, pourquoi ce changement ? Au-delà des atrocités de la semaine dernière à Khan Cheikhoune, il y a une tentative de noyer le poisson des ratées de la politique intérieure américaine. Avec les échecs des décrets migratoires, de la tentative infructueuse de réforme de l’Obamacare et les rumeurs de relations douteuses avec la Russie, des interventions à l’extérieures du pays ont ceci de bien : attirer l’attention ailleurs…https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/04/11/un-changement-inquietant/
  5. Lorsque l’on est citoyen d’une démocratie et que l’on désire qu’elle soit en santé, il est d’importance capitale de s’impliquer et de s’informer. Lorsque l’électeur français se rendra aux urnes dimanche prochain, il est primordial qu’il fasse un travail préalable. Celui de s’informer pour qui il votera. Ne pas s’en tenir aux extraits rapportés pour les différents médias et aux slogans de campagne. Les candidats sont au coude à coude et l’indécision est de plus en plus importante, surtout chez les « impolitisés ». Dans ce cas, que doit-on faire ? C’est facile : vous allez imprimer le programme de chacun des candidats et faire un choix en fonction de vos valeurs. Ne laissez pas les faiseurs d’opinion vous imposer un choix, faites le vôtre ! https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/04/19/tango-pour-quatre-en-france-et-petite-morale-a-lelecteur/
  6. Les résultats du premier tour de la présidentielle française sont connues depuis dimanche le 23 avril et le moins que l’on puisse dire c’est que les Français sont sous le choc. Ils viennent de réaliser que tous les référents traditionnels de la gauche et de la droite, ont disparus. Imaginez : les deux grands partis seront absents du deuxième tour. Il y aura un affrontement entre Marine Le Pen(Front National) et Emmanuel Macron, un transfuge du parti socialiste, à la tête d’un mouvement appelé : « En marche ». Un duel qui opposera les nationaux de Marine Le Pen et les mondialistes d’Emmanuel Macron. En France, on s’insurge, mais les débats traditionnels entre la gauche et la droite n’ont plus la cote. Il faut en faire notre deuil, car les enjeux politiques des dix prochaines années se joueront autour de questions identitaires. Laissez-moi donc vous brosser un tableau de ces deux conceptions. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/03/les-nationaux-et-les-mondialistes/
  7. À mon sens, le plus grand fléau qui guette le monde, ce sont les très grandes inégalités qui règnent. La croissance mondiale est toujours au rendez-vous depuis des décennies, mais l’argent se concentre toujours entre les mains de grandes fortunes. Selon un rapport d’Oxfam, publié en janvier 2017, les huit hommes les plus riches de la planète possèdent autant que 50 % de l’humanité. En 2015, le 1% le riche de la planète possédait plus que le 99% restant. La situation est catastrophique et il est urgent d’agir, car si rien n’est fait la déstabilisation mondiale sera de plus en plus grande. Le terrorisme augmentera, le réchauffement climatique continuera sa marche et la démocratie sera compromise. Pour ma part, je vais retourner marcher dans les rues de San Francisco en détournant du regard la centaine de mendiants qui me solliciteront durant ma journée de touriste. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/09/calisse-que-cest-pas-juste/
  8. Le message de Magnette me rejoint particulièrement, parce qu’il rencontre exactement le point de vue de l’ancien prix Nobel de l’économie Joseph Stiglitz.** Selon Stiglitz, la mondialisation, dont la libéralisation des échanges, a été une bonne chose pour l’humanité. Il y a eu une croissance fabuleuse de l’économie et elle a amené la prospérité sur toutes les continents de la planète. Le problème de cette mondialisation, c’est qu’elle n’a pas profité à tout le monde. Elle a seulement accentué les inégalités, parce qu’elle a été pensée par les riches et pour les riches. Il est maintenant le temps de la remettre en question et de travailler, comme Magnette, et Stiglitz à la rendre plus équitable. Par contre, c’est emmerdant pour ceux qui savent ce qui est bon pour nous…. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/16/lempecheur-de-tourner-en-rond/
  9. C’est le 20 janvier dernier que Donald Trump a prêté serment pour ainsi devenir le 45e Président des États-Unis. Depuis ce temps, il n’y a pas une semaine où il n’y a eu rien à dire dans les médias, par rapport à cette administration. D’ailleurs, vous avez peut-être remarqué, dans La Presse+, la page quotidienne sur les États-Unis. Pour ma part, depuis le lancement de mon blogue, j’aurais pu écrire à chaque fois à ce sujet. D’ailleurs, on m’arrête même dans les rues pour que je le fasse. D’accord j’y vais, je me lance et j’écris sur quoi ? Trop de sujets…C’est pour cette raison que je vais répondre à sept questions sur l’administration Trump : https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/24/le-spectacle-de-donald-trump-partie-1/
  10. S’il y a un sujet qui est emmerdant, c’est bien celui de la lutte aux changements climatiques. Vous allez m’excuser de vous embêter, mais je vais vous en parler un peu. Je vous en parle, car j’ai toujours l’impression que les hypocrites et les naïfs sont légion dans ce domaine. Lors du G7 de la dernière semaine en Italie, il a été possible de voir la fin de l’unanimité sur la lutte aux changements climatiques. Rappelons que 195 pays, dont les États-Unis, ont signé une entente lors de la COP 21 de Paris en 2015 pour tenter de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Les Américains viennent d’évoquer une remise en cause de leur signature. Est-ce que ce revirement est vraiment surprenant ? Est-ce catastrophique pour l’avenir ? https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/30/entre-hypocrisie-et-naivete-crasse/
  11. Ce que j’essaie de dire dans cette chronique, c’est que j’ai de la difficulté avec la couverture médiatique. Londres a encore été frappée et à partir de là, les médias envoient des quantités industrielles de journalistes pour nous faire vivre l’événement sous toutes ses coutures. Dans cet ère de l’information, j’ai l’impression que l’on n’est pas vraiment informé. On fait un gros show de nouvelles, pour satisfaire notre besoin de voir. Pas besoin de nous faire comprendre les tenants et les aboutissants de l’idéologie barbare qui est derrière le djihad islamique et qui fait des victimes partout dans le monde…. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/06/06/le-voyeurisme-qui-nous-aveugle/
  12. Finalement, je crois que la situation en Corée du Nord n’est pas sur le point de se régler. Je pense que nous allons rester dans une situation d’équilibre au courant des prochaines années. Lorsque les Chinois l’auront décidé, ils règleront le cas de cette dynastie farfelue. Malgré les inconforts que créent ce régime, auprès du Parti communiste chinois, le gouvernement juge ce pays essentiel à l’équilibre mondial. La Corée du Nord est comme le cailloux dans le soulier des États-Unis en Asie et les Chinois le savent trop bien. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/06/14/des-provocations-dangereuses/
  13. C’est dans ce contexte, que je traîne dans mes cartons d’enseignant, le génocide rwandais. À chaque année ou presque, je m’évertue à faire comprendre ce qui s’est passé en 1994 dans ce petit pays de l’Afrique des Grands Lacs. Je termine toujours ce chapitre par la conclusion suivante : « La fin du génocide va provoquer l’exil de deux millions de personnes, principalement de l’ethnie hutue, vers le pays voisin qui s’appelait le Zaïre à ce moment. Cet exil massif viendra déstabiliser ce pays et provoquer un conflit qui fera entre quatre et cinq millions de morts. » J’arrête l’histoire à ce moment et je passe à une autre problématique. Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre l’histoire et de vous raconter ce qui se déroule en République Démocratique du Congo depuis trente ans. Nous avons un devoir de mémoire par rapport à ce conflit qui est, soi dit en passant, le plus tragique depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/06/20/le-devoir-de-memoire-acte-1-de-mobutu-aux-kabila/
  14. Probablement que plusieurs d’entre vous qui ont lu ma dernière chronique, ont appris pour la première fois qu’il y avait un conflit épouvantable en RDC. Ce n’est pas de votre faute, car les médias font le choix de vous montrer des nouvelles. Qu’est-ce qui explique cette indifférence criminelle à l’égard de l’Afrique ? Ce continent est habitué à vivre des catastrophes et ça n’intéresse personne. Je serais curieux de comparer le poids médiatique des conflits en Afghanistan, en Irak et en Syrie par rapport au conflit en RDC. Je ne suis pas en train de vous dire que ce n’est pas grave ce qui se passe dans ces pays, au contraire, mais la comparaison médiatique est probablement disproportionnée. Je m’arrête ici pour cette chronique, car je ne voudrais pas vous perdre. Je vais sûrement revenir sur cette problématique, car il y a tant de choses à dire. Je vous invite d’ailleurs à vous tenir informé sur cette question, en suivant ce qui se passe dans la région du Kazaï. Au passage, regardez ce qui se passe au Sud-Soudan. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/06/28/le-devoir-de-memoire-acte-2-la-barbarie-et-lindifference/
  15. Pour les gens de ma génération et de ceux qui m’ont précédé, la Guerre froide a été ce qui générée le plus d’inspiration pour les différents scénarios de films ou de livres d’espionnage. La plupart de nos vecteurs de cauchemars se situaient du côté du bloc communiste. Je me souviens des matchs de hockey entre l’équipe Canada et les Soviétiques. Maudit que j’avais peur d’eux, de leur jeu structuré et sans émotion et de la face de chien de Victor Tikonov. Il faisait peur les amis et devant la joie que m’avait procuré le but de Mario Lemieux à la Coupe Canada de 1987*, j’avais eu un sentiment d’effroi à l’égard de ce qui allait arriver aux joueurs de l’équipe CCCP à leur retour à Moscou. Il y a eu Gorbatchev, la Perestroïka, la Glasnost, la Chute du mur et ce fut la fin du communisme. Il n’y avait plus rien à craindre, plus de méchants pour Hollywood. C’est certainement dans cette décennie (1990-2000), que va se situer la fin de la période contemporaine, car au vide laissé par le démantèlement du bloc communiste, le fondamentalisme islamique a pris la place. Une émergence qui se fera dans le fracas du 11 septembre 2001. De nouveaux ennemis furent trouvés et nous pouvions enfin recommencer à craindre quelqu’un. Qui sont-ils et d’où viennent-ils ? https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/07/06/le-terrorisme-contemporain/
  16. Évidemment, il faut bien que je réponde à la question que j’ai posée. Selon moi, Khadr est une victime qui a commis un acte terroriste, alors qu’il était mineur. Il est donc aussi un terroriste. Le problème de cette histoire, c’est qu’il a été traité injustement, par une administration américaine qui a fait fi de toutes les règles du droit international. Son histoire est d’une tristesse infinie, mais que dire de la famille du soldat mort au combat. De plus, la compensation qui lui a été versée est injustifiable, surtout du point de vue des victimes. Je comprends le geste de la veuve du soldat mort, d’avoir tenté une manœuvre pour faire geler les avoirs de Khadr.**Enfin, ce qui m’emmerde le plus dans cette saga, c’est cette volonté canadienne, manuscrite dans la Charte des droits et libertés, à être le « plus meilleur pays au monde » où tous peuvent trouver refuge et où la tolérance et l’ouverture sont devenues des ingrédients que l’on intègrent dans toutes les sauces. Vivement la légalisation du pot ! https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/07/13/khadr-victime-ou-terroriste/
  17. Le débat qui fait rage sur la question de l’immigration n’en est pas vraiment un, car il ne laisse pas de place pour des positions mitoyennes. Entre les apôtres du multiculturalisme à tout crin et les suprémacistes blancs, il doit y avoir un espace pour le débat public. Un espace où l’on discute et où on n’est pas toujours en train de caractériser l’autre d’intolérant et de créateur d’amalgames.**Enfin, aux yeux des mondialistes, je me demande s’il est encore possible de s’affirmer nationaliste, protecteur de la langue française et de notre identité, sans être considéré comme étant raciste. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/08/25/des-haitiens-et-des-intolerants/
  18. Le premier octobre prochain, les Catalans doivent se prononcer sur leur avenir au sein de l’Espagne. Avec les derniers événements, il n’est pas certain que ce peuple puisse se prononcer sur son avenir. Dans deux jours, le Kurdistan irakien va tenir un référendum sur son indépendance. Dans les deux cas, leur projet d’émancipation est mis à mal par l’État fédéral**. Il va sans dire que l’indépendance est désormais perçue comme un projet illégitime de la part de certains. Le principe de l’autodétermination des peuples, telle qu’établie par l’ONU, connaît des heures sombres. Deux peuples voulant procéder à une consultation sur leur avenir, qui sont victimes d’États démocratiques qui sont prêts à tout pour freiner des aspirations. Est-ce qu’il est encore possible de devenir indépendant ? https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/09/25/les-independantristes/
  19. Nous vivons dans une société égocentrique et hypocrite. Nous prêchons la vertu, mais la réalité est tout autre. Nos agissements ont des conséquences sur le monde en général, mais nous ne changeons pas nos habitudes de vie. J’étais contre Énergie-est, mais je continue à conduire la même voiture qui s’abreuve à même les réserves d’une monarchie archaïque qui brime les droits d’au moins la moitié de ses habitants. Évidemment, il est confortable de ne rien faire et de ne rien changer. Les conséquences de nos comportements n’auront pas vraiment d’impacts sur nos vies. On ne peut pas en dire autant pour nos enfants. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/10/17/labdication-est-la-solution/
  20. … je ne suis pas contre les interventions de l’État. Pour qu’une économie soit en santé et que les richesses soient bien réparties, il faut nécessairement une autorité qui veille au grain. On ne peut pas se fier uniquement sur le marché et le bon vouloir des gens pour que tout se fasse naturellement. Ce qui me dérange le plus, ce sont les interventions aveugles d’un gouvernement qui ne se soucie pas vraiment des bénéfices pour la société. Avec Bombardier, on voulait protéger un fleuron de notre industrie, mais pas n’importe lequel prix! On veut du hockey à Québec et du baseball à Montréal, est-ce vraiment à nous, contribuables, de payer pour tout ça ? Cessons de socialiser uniquement les pertes, il faudrait aussi socialiser les profits. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, lorsque nous avançons ces millions publics, ils ne sont pas toujours utilisés à bon escient. À cet égard, je ne serais pas surpris de voir les hauts dirigeants de Bombardier recevoir de généreux bonis dans leur bas de Noël. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/10/25/socialiser-les-pertes-et-privatiser-les-profits/
  21. …il est difficile de penser que cette reconnaissance (Jérusalem comme étant la capitale d’Israël) puisse conduire à un processus de paix quelconque. Depuis 1948, les Palestiniens sont en quête d’une reconnaissance à l’échelle internationale. Jérusalem est un point central dans l’éventualité d’un processus de paix qui conduirait à la création de deux États. Dans ce contexte, la décision de Washington fera sans doute l’unanimité contre elle, en plus de semer un autre sentiment d’injustice auprès de la population palestinienne. Après la création d’Israël, la colonisation illégale, la construction d’un mur et bien d’autres événements, cette concession américaine saura sûrement canaliser les forces de la révolte populaire, vers des jours plus sombres. À cet égard, il faudra surveiller aujourd’hui, en ce jour de prière, si les Palestiniens répondront à l’appel, au troisième intifada, du Hamas. https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/12/08/lart-de-semer-le-chaos/

Michel Bouchard

L’art de semer le chaos

La dernière décision de l’administration Trump de reconnaître Jérusalem comme étant la capitale d’Israël est de nature à mettre le bordel dans cette région du monde. Bien que la situation était précaire, la mise en application des théories énoncées dans le best-seller de Trump: « The Art of the deal » va probablement nous mener vers une troisième intifada*. Selon les principes de ce livre, la semence du chaos serait créateur de possibilités. Les adeptes du néolibéralisme sont très au fait de cette théorie appliquée à plusieurs reprises dans l’histoire récente. La destruction est créatrice de possibilités. ** Dans ce contexte, je me demande bien la logique qui a mené le Président américain à faire ce geste d’une symbolique périlleuse. Je sais qu’il n’y a pas de paix à préserver, car le processus est pratiquement au point mort depuis le début de 21e siècle, mais de là à prétendre que cette reconnaissance de Jérusalem pourrait relancer le processus de paix, il y a ici méconnaissance criminelle du dossier.

Le caractère sacré de Jérusalem

Pour bien saisir l’importance de cette nouvelle, il faut retourner en arrière pour connaitre l’histoire de Jérusalem. Cette ville est considérée comme étant une ville sainte par les musulmans, les juifs et les chrétiens. L’aspect litigieux de ces faits oppose les Palestiniens musulmans et les Juifs d’Israël. En 1947, l’ONU va proposer un plan de partage pour diviser la ville et la Palestine en deux états. Les Palestiniens vont complètement le rejeter, alors que les Juifs vont en profiter pour déclarer leur indépendance. Dès lors, va s’installer une dynamique d’affrontement entre les deux peuples qui va provoquer quatre guerres ouvertes entre Israël et les pays arabes voisins. Ce qu’il faut retenir de ce propos, c’est que les Palestiniens et les Israéliens considèrent Jérusalem comme étant leur capitale.

Capitale d’un pays et d’un non-pays

Depuis la création d’Israël en 1948, les Palestiniens considèrent Jérusalem comme étant leur capitale. Le problème dans tout cela, c’est que la Palestine n’est pas un état reconnu à l’échelle internationale. En fait, il n’y a que quelques pays qui reconnaissent l’existence de ce peuple. De l’autre côté, Israël a attendu 1980, par le biais de la Knesset, pour décréter Jérusalem comme étant sa métropole. Depuis son indépendance, c’est la ville de Tel-Aviv qui joue ce rôle pour l’État israélien. Toutefois, aucun pays n’avait encore reconnu cette déclaration depuis ce jour. C’est donc cela que Donald Trump vient de faire. Reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État juif, avant même d’avoir reconnu l’existence de la Palestine.

En conclusion, il est difficile de penser que cette reconnaissance puisse conduire à un processus de paix quelconque. Depuis 1948, les Palestiniens sont en quête d’une reconnaissance à l’échelle internationale. Jérusalem est un point central dans l’éventualité d’un processus de paix qui conduirait à la création de deux États. Dans ce contexte, la décision de Washington fera sans doute l’unanimité contre elle, en plus de semer un autre sentiment d’injustice auprès de la population palestinienne. Après la création d’Israël, la colonisation illégale, la construction d’un mur et bien d’autres événements, cette concession américaine saura sûrement canaliser les forces de la révolte populaire, vers des jours plus sombres. À cet égard, il faudra surveiller aujourd’hui, en ce jour de prière, si les Palestiniens répondront à l’appel, au troisième intifada, du Hamas.

P.S. Bon texte à lire dans le journal le Devoir de ce matin(9 décembre 2017) sur les implications de la décision du Président américain.

http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/515068/vincent-lemire-sur-le-transfert-de-l-ambassade-americaine-a-jerusalem

*Il s’agit d’un soulèvement populaire. Dans l’histoire de la palestine, il y a eu deux intifada. (La guerre des pierres de 1987 à 1993 et l’Al-Aqsa de 2000 à 2005)

**D’ailleurs Naomie Klein avait développé ce concept dans son livre la « Stratégie du Choc ». On a semé le chaos en Irak et on a profité du traumatisme généralisé de la population pour leur piquer toutes leurs ressources.

 

Socialiser les pertes et privatiser les profits

La nouvelle de la semaine dernière sur la vente de la société en commandite, CSeries, m’a fait réfléchir sur un sujet que j’évoque chaque année avec mes étudiants. Nous vivons dans une société où il est rendu commun de socialiser les pertes et de privatiser les profits. Nous demandons, aux gouvernements, de subventionner et de participer à l’effort des entreprises, afin de leur permettre de rester concurrentielle et pour sauver des emplois. L’économie étant la religion de l’État, tout se justifie par la création ou le maintien d’emplois et la croissance économique. Avons-nous déjà réalisé combien nous coûtent toutes ces participations étatiques. Des participations qui restent au demeurant plus ou moins payantes pour le contribuable. Dans ce contexte, parlons de Bombardier et de baseball.

Bombardier
C’était il y a deux ans, le gouvernement du Québec volait à la rescousse de Bombardier qui était à la recherche d’un partenaire pour pouvoir continuer l’aventure de la CSeries. Une série d’avions construite pour entrer dans le marché des petits porteurs, soit environ de 110 à 135 places. Dans ce domaine, la concurrence est vive et devant l’incapacité de Bombardier à continuer l’aventure, le gouvernement du Québec a pris la décision farfelue de devenir partenaire d’une nouvelle entité de Bombardier: CSeries. C’est en allongeant la modique somme de 1,3 milliard de dollars que le gouvernement est devenu propriétaire de cette nouvelle entreprise à la hauteur de 49%*. Cette participation a chuté à 38%, lors que Bombardier a réinjecté de l’argent dans l’aventure, l’an dernier. Étant aux prises avec d’importantes difficultés financières, Bombardier a décidé de frapper à nouveau à la porte d’Airbus**. Surtout dans le nouveau contexte où le gouvernement américain a pris la décision d’imposer des droits compensateurs de 220 % sur la vente d’avions de la série C vers des acheteurs américains. N’ayant pas le gros bout du bâton la compagnie canadienne a dû accepter les conditions du constructeur français. Une participation majoritaire dans l’aventure (50,01%), pour la modique somme de 0$ ou de 0 euro. On parle ici d’un « deal » incroyable pour Airbus et d’une perte monumentale pour le gouvernement du Québec, qui a vu sa participation dans l’entreprise passer à 19%. Bombardier n’avait pas le choix d’aller chercher un partenaire pour assurer la survie de ces avions, mais j’ai comme l’impression qu’on vient de se faire entuber comme le disent les Français.

Baseball
Lorsque j’ai vu le Maire de Montréal, Denis Coderre, se jouer après les bricoles de satisfaction, en réaction aux propos du commissaire du baseball majeur sur l’expansion possible de la MLB à Montréal et Portland, je me suis dit: « Pas encore ». Pour l’amateur de baseball que je suis, cette nouvelle peut paraître intéressante. Toutefois, il ne faut jamais oublier que l’aventure pourrait nous coûter cher. Hé oui, les amis, les propriétaires de baseball ne construisent pas les stades, car ils n’en ont pas les moyens. C’est aux autorités publiques de faire un effort pour attirer ces multimillionnaires du sport. Rappelons, que le salaire moyen baseball majeur, se situait aux alentours de 4 millions de dollars en 2016. Construisons des stades et des arénas et ce sont les propriétaires qui engrangeront des profits tirés à même les poches des amateurs. Soit dit en passant, l’injection de fonds publics n’est pas la garantie d’obtenir une équipe. À cet égard, M.Coderre devrait discuter avec son bon ami Régis, histoire de freiner son enthousiasme.

En conclusion, je ne suis pas contre les interventions de l’État. Pour qu’une économie soit en santé et que les richesses soient bien réparties, il faut nécessairement une autorité qui veille au grain. On ne peut pas se fier uniquement sur le marché et le bon vouloir des gens pour que tout se fasse naturellement. Ce qui me dérange le plus, ce sont les interventions aveugles d’un gouvernement qui ne se soucie pas vraiment des bénéfices pour la société. Avec Bombardier, on voulait protéger un fleuron de notre industrie, mais pas n’importe lequel prix! On veut du hockey à Québec et du baseball à Montréal, est-ce vraiment à nous, contribuables, de payer pour tout ça ? Cessons de socialiser uniquement les pertes, il faudrait aussi socialiser les profits. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, lorsque nous avançons ces millions publics, ils ne sont pas toujours utilisés à bon escient. À cet égard, je ne serais pas surpris de voir les hauts dirigeants de Bombardier recevoir de généreux bonis dans leur bas de Noël.

*Il faut bien comprendre que lorsque l’on est minoritaire dans une entreprise, on n’a rien à dire sur la gestion de celle-ci.
**Avant de demander au gouvernement d’intervenir, Bombardier avait demandé à ces deux concurrents, Boeing et Airbus, d’injecter des capitaux.

L’abdication est la solution

Lors d’un cours que j’ai donné il y a quelques semaines, je parlais des différentes questions que l’on doit se poser avant de faire un achat. En ai-je les moyens et en ai-je de besoin ? Deux questions fort pertinentes. C’est à ce moment que j’ai tenté d’amener les étudiants dans un questionnement beaucoup plus philosophique : celui de réfléchir à notre responsabilité de consommateur. Est-ce que mon achat est respectueux de l’environnement, de nos producteurs locaux et du droit des travailleurs étrangers. Vous savez, lorsque nous achetons un produit fabriqué par des esclaves*, nous sommes complices de ce système. À ce moment, un élève a levé la main et m’a dit : « Ça ne donne rien de ne pas acheter ce produit, ça ne va rien changer ». J’ai été obligé de lui donner raison, mais j’ai tout de même insisté sur le pouvoir des actions collectives. Cette remarque m’a fait réfléchir, car ce jeune homme illustrait un problème de notre société : l’individualisme. Lorsque la situation semble périlleuse et exige une réponse collective, nous choisissons trop souvent la fuite, histoire de s’épargner des inconforts et ce, peu importe les conséquences pour les autres.**

L’environnement est un sujet vraiment très riche pour me fournir un argumentaire, car dans ce domaine, les idéaux sont grands. Nous avons le devoir de respecter la planète, mais que faisons-nous réellement ? La semaine dernière, la compagnie Transcanada a décidé d’abandonner son projet Énergie-est. Le Québec tout entier s’est réjouit de cette nouvelle. N’échappent pas à cette euphorie, j’ai moi-même célébré dans ma chaumière. C’est en entendant les récriminations du Premier ministre de l’Alberta, à l’encontre du Québec, que ma réflexion a évolué sur le sujet. D’entrée de jeu, il faut se le dire : le Québec a besoin de pétrole. En faisant ce constat, on peut se demander de qui on l’achète ? La réponse : de l’Arabie-Saoudite et du Vénézuela. Si vous voulez mon avis, on ne parle pas vraiment de pétrole vert ici et en prime, il vient de deux pays douteux au niveau du respect des droits humains. Je vous rappelle que l’Arabie-Saoudite est ce pays qui autorisera les femmes à conduire une voiture en 2018. Il serait légitime de se demander de quelle manière elles arriveront à faire leur angle mort ? Ici, je m’égare, mais c’était plus fort que moi… Donc, où m’en vais-je avec tout ça ?

Nous vivons dans une société égocentrique et hypocrite. Nous prêchons la vertu, mais la réalité est tout autre. Nos agissements ont des conséquences sur le monde en général, mais nous ne changeons pas nos habitudes de vie. J’étais contre Énergie-est, mais je continue à conduire la même voiture qui s’abreuve à même les réserves d’une monarchie archaïque qui brime les droits d’au moins la moitié de ses habitants. Évidemment, il est confortable de ne rien faire et de ne rien changer. Les conséquences de nos comportements n’auront pas vraiment d’impacts sur nos vies. On ne peut pas en dire autant pour nos enfants. Pourquoi ne pas faire un réel virage vert ? Un virage électrique, si vous voyiez ce que je veux dire. Une transition qui serait orchestrée par un gouvernement ayant une vision soucieuse de la collectivité. À cet égard, nous aurions l’obligation de se libérer des énergies fossiles. Question d’équité avec nos enfants. Malheureusement, il n’en est pas ainsi pour l’instant. Notre confort nous étouffe dans les GES. Dans ce contexte, je comprends les frustrations de l’Alberta et SVP, gardons-nous une petite gêne pour critiquer le retrait des Américains de l’entente de Paris. Comme eux, nous avons abdiqué nos responsabilités envers les générations futures et il ne faut jamais oublier que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

P.S. J’aurais pu développer mon argumentaire avec bien d’autres sujets. Notre consommation excessive, notre manque d’engagement politique, notre détachement à l’égard de l’évasion fiscale, etc.

*Je caricature un peu ici, mais pas tant que ça.
**Les autres habitants de la Terre ou les autres de la génération suivante.