Les multinationales et la mondialisation

N.B. Cette semaine, je publie un extrait de mon essai de maitrise. Je me suis toujours intéressé aux travaux de Joseph Stiglitz et c’est dans ce contexte que j’ai décidé de résumer un propos qu’il a développé à l’intérieur des nombreux ouvrages qu’il a publié au courant de sa carrière. La thèse résumée était la suivante : les échecs de la mondialisation dû au néolibéralisme. Je m’excuse pour la longueur de cet article.

Les multinationales
On conteste de plus en plus les multinationales et ce, à travers le monde. Des documentaires sont produits (ex : The Corporation de Bakan, Abbott et Achbar ou Inside job de Charles H. Ferguson) pour dénoncer l’attitude de ces entreprises. Pourquoi sont-elles contestées ? Selon Stiglitz, « ces compagnies ne sont pas seulement riches, elles sont politiquement puissantes. Si les États décident de les taxer ou de les réglementer d’une façon qui ne leur plaît pas, elles menacent de s’en aller. Il y aura toujours un autre pays pour accueillir à bras ouverts leurs impôts, les emplois et leurs investissements[1]. » Cependant, il faut tout de même mentionner que ce sont les multinationales qui ont permis à la mondialisation de s’étendre et de permettre une amélioration du niveau de vie dans les pays en développement. Elles ont permis les transferts de produits, de services, de technologies, du savoir, éléments essentiels à la mondialisation. « Il est facile de comprendre pourquoi les multinationales ont joué un rôle aussi crucial dans la mondialisation. Seules des organisations géantes pouvaient s’étendre sur toute la planète et réaliser la jonction entre les marchés, la technologie, les capitaux du monde développé et les capacités de production des pays en développement[2]. »

Les échecs du marché

Puisque les multinationales sont au cœur de la mondialisation, on peut autant les blâmer des insuccès que les féliciter de leurs succès. Encore là, il ne faut pas se demander si la mondialisation est bonne, il faut se demander comment mieux la faire fonctionner. Comment faire pour minimiser les dégâts et maximiser les bienfaits pour les sociétés ? Pour l’heure, les critiques sont vives à l’égard des multinationales, notamment en ce qui a trait à leur conduite de la mondialisation. Stiglitz tient à défendre les multinationales d’une accusation qui n’est pas totalement injuste, à savoir que les firmes sont uniquement axées sur le matérialisme. Symptôme commun des sociétés industrialisées. Il n’en demeure pas moins qu’elles se conduisent plus ou moins de la bonne façon. Comment l’explique-t-il ?
1. Les entreprises ont pour objectif de gagner de l’argent et non de faire la charité;
2. Beaucoup d’économistes pensent que la mission première (et la seule) de l’entreprise est de satisfaire les actionnaires. Ce qui n’est pas en lien avec les bénéfices sociaux.
Ce système est injuste et conduit à des échecs du marché. Il y a échec du marché chaque fois qu’il y a des externalités, c’est-à-dire chaque fois où il y a des effets de l’action d’une multinationale dont ceux-ci ne paient pas les coûts ou que la société n’en reçoive pas les bénéfices[3]. Donc, pour que les entreprises soient efficaces, elles devraient absolument prendre en compte l’impact de leurs actes sur toutes les composantes de la société. En ce sens, lorsque l’État n’impose pas de réglementations et que la société civile ne s’implique pas, l’entreprise n’a aucune raison de respecter les ressources et les gens. À ça s’ajoute une corruption endémique dans les pays en développement, qui conduit les grandes entreprises à acheter les ressources d’un pays. « Il est bien moins coûteux de donner une grosse somme à une haute personnalité que de payer au prix du marché le pétrole ou une autre ressource naturelle[4].»

La responsabilité limitée

Il faut bien comprendre que le but ultime de la multinationale n’est pas de faire souffrir les gens, c’est plutôt de répondre aux volontés du marché, ce qui entre souvent en contradiction avec le bien-être des collectivités. Ce qui aggrave les choses, c’est le principe de la responsabilité limitée, qui est une caractéristique essentielle des entreprises. C’est une innovation juridique importante : « sans elle, il est pratiquement certain que le capitalisme moderne n’aurait pas pu se développer[5].» Cette responsabilité limitée comporte un avantage majeur : elle permet de capitaliser une entreprise de façon importante, sans le risque de tout perdre. L’effet pervers de tout cela : « une compagnie minière peut extraire de l’or, rapporter d’énormes profits à ses actionnaires et laisser derrière elle des résidus toxiques de déchets gorgés d’arsenic.(…) Quand l’État constate le problème, il exige une remise en état, la compagnie se déclare en faillite et laisse les problèmes aux pouvoirs publics. (…) Il faut nettoyer et réparer les dommages causés à l’environnement[6].» Ce qu’il faut comprendre de tout ça c’est qu’à responsabilité limitée, il faut considérer des préoccupations limitées pour le bien-être des gens où l’on exploite. Dans bien des cas, les dégâts sont souvent plus élevés que ce que l’exploitation a rapporté…

L’incitation au profit

La mondialisation a aggravé les effets pervers des incitations au profit, parce qu’elle a mis en concurrence des pays qui étaient prêts à tout pour attirer ces entreprises, ce qui a donné lieu à une enchère importante vers le bas. Tout ceci a, par exemple, conduit certains pays à négliger le droit des travailleurs et l’environnement. À cette concurrence malsaine, il faut ajouter le manque de conséquences dans les agissements des directeurs d’entreprises. En effet, la nature humaine étant ce qu’elle est, on n’a pas tendance à traiter nos employés locaux et notre environnement de la même façon que nos installations à l’étranger. Lorsque c’est à des milliers de kilomètres de chez nous, on se déresponsabilise rapidement. Pour se défendre, les entreprises prétextent que ce sont aux États de légiférer pour la protection de leurs travailleurs et leur environnement. Dans ce sens, pourquoi les multinationales dépensent-elles tant d’argent à lutter contre ces législations[7] ?

En conclusion
Sans les multinationales, la mondialisation n’aurait pas été possible. Malheureusement, elles œuvrent dans un système compétitif, où bien des pays, qui n’ont rien à perdre, sont prêts à tous les excès pour les attirer. À ça, il faut ajouter un système qui pousse les entreprises à faire du profit, le tout dans un cadre où l’investisseur n’est pas responsable de ses actes. Lorsque je suis un investisseur et que mon planificateur financier vient me voir, je ne m’inquiète pas de la qualité de vie des Papous. Je veux qu’il me montre des chiffres positifs. Pour y arriver, les multinationales sont prêtes à bien des tours de magie, pour me satisfaire et ce, même au détriment de jeunes enfants.

[1] Stiglitz, Un autre monde, P.318.
[2] Ibid. p334.
[3] Par exemple, les activités d’une compagnie causent des dégâts à l’environnement et transfert les coûts du nettoyage au gouvernement, c’est-à-dire la société. Le plan Nord du Québec l’illustre bien :on parle d’investissements de compagnies privées pour l’exploitation de nos ressources, mais pour que ça soit possible il faudra que le gouvernement du Québec investisse des centaines de millions de dollars pour développer les infrastructures nécessaires à l’exploitation des ressources naturelles du sous-sol nord québécois.

[4] Stiglitz, Un autre monde, P.322.
[5] Ibid. p.328.
[6] Ibid. p.329.
[7] Dans le cadre du chapitre 11 de l’ALÉNA, une entreprise peut poursuivre un pays qui a fait une loi qui pourrait causer du préjudice à ses profits potentiels.

Le colosse qui ne mourra jamais

N.B. En ce jour international de la commémoration de la mémoire de Nelson Mandela, voici un texte que j’avais écrit au lendemain de sa mort. 

La disparition de Mandela est le moment pour l’ensemble de l’humanité de faire le bilan sur sa vie et son héritage. Je parle de l’humanité tout entière, car ce que cet homme a réalisé, dépasse largement les frontières de son pays. Après avoir passé 27 ans en prison, en raison de son combat contre l’infâme Apartheid, il fut libéré au début des années 1990. Dès sa libération, il redonnera espoir au peuple noir de l’Afrique du Sud et parviendra à mettre fin à cette politique raciale avec l’aide de la communauté internationale et particulièrement du Canada. C’est d’ailleurs ici, qu’il fera sa première visite à l’international et qu’il sera reçu avec les honneurs d’un Chef d’État, alors qu’il n’avait pas encore le droit de vote dans son pays.
C’est en 1994, lors des premières élections multiraciales, qu’il deviendra le premier Président noir de l’Afrique du Sud. C’est à ce moment qu’il passera à la légende, en prenant le contrôle d’un pays qui avait toujours été dominé par la minorité blanche. Il laissera sa marque parce qu’il a su travailler à la réconciliation des races. Pour ce faire, il tendit la main à ces ennemis, leur pardonna et travailla à bâtir un État plus juste. Il est bien important de comprendre, que plusieurs regroupements noirs pensaient, au moment de l’entrée en fonction de Mandela, que l’heure de la vengeance avait sonnée. Ce n’est pas ce qui se passa et c’est Mandela qui a su éviter ce bain de sang potentiel. C’est à ce niveau que se situe son principal héritage. Mandela a été un homme qui s’est battu pour des idéaux qui l’ont privé de la liberté pendant près de 27 ans. Une liberté qui aurait été relative dans un contexte où il était noir et qu’il vivait dans un pays contrôlé par des blancs racistes. À la fin de l’histoire, ses idées ont remporté la victoire sur un gouvernement impitoyable et il a donné une leçon à toute l’humanité en tendant la main à ses geôliers.
Je m’arrête ici, car j’aurais tant à dire concernant cet homme. Ce soir, je vais encore écouter la télévision, car je ne veux rien manquer de ce concert d’éloges à son égard. La planète est unanime sur le compte de Mandela : ce fut un « colosse » qui a accompli une œuvre grandiose et sa mort ne le fera pas disparaître réellement. Il sera toujours présent pour inspirer des humains qui luttent contre des organisations ou des systèmes qui semblent invincibles et montrer que les idées doivent être plus grandes que les hommes. J’aimerais citer un chanteur (Georges Brassens) que j’aime beaucoup et qui chantait : « Mourir pour les idées d’accord, mais de mort lente(…) il faudrait confier le trépas à ceux qui n’en ont pas.»

Michel Bouchard

Les nouvelles de la semaine (9 au 16 juillet 2017)

  1. Les chroniques du monde contemporain en vacances : C’est sous une recommandation, de nature non-négociable, de ma supérieure immédiate, que je vais prendre des vacances de mon blogue. Je serai de retour dans la semaine du 7 août. Merci de suivre mes activités depuis le début et au plaisir !
  2. Ça fond en Antarctique : Un morceau de glace de près de 5800 KM2 vient de se détacher du continent de glace. Ce qui est ironique dans cette histoire, c’est que le gouvernement du Québec vient de m’annoncer que je devrais abandonner la moitié du contenu de mon cours de monde contemporain. Pour y parvenir, ce même bon gouvernement m’a recommandé de couper du contenu. Sans surprise, le thème sur l’environnement sera sacrifié. On appelle ça des visionnaires les amis !
  3. Lula prend le chemin des cellules : L’ancien président du Brésil vient d’être condamné à neuf ans de prison. Rappelons que ce leader de la gauche brésilienne a été Président pendant huit ans. Il avait laissé sa place à Dilma Rousseff, qui a elle-même été destituée l’année dernière. Le Président actuel, Michel Temer, fait aussi face à des accusations de corruption. Actuellement, il y a environ près du tiers des parlementaires brésiliens qui font face à des accusations de nature criminelle. La plupart ont trempé dans le scandale Petrobras. Une coupe du monde de soccer et des Jeux Olympiques à deux années d’intervalle, ça laisse des traces.
  4. Le chef de l’EI est mort : Selon l’observatoire syrien des droits de l’homme(OSDH), le chef de l’EI est mort. C’est la cinquième fois qu’il est déclaré pour mort… L’OSDH est une organisation non-gouvernementale qui a pour mission de rapporter ce qui se passe en Syrie. De façon générale, ses sources sont plus fiables que les sources gouvernementales. Je me demande bien pourquoi ???
  5. Le nouveau chef de l’EI tué en Afghanistan : Selon les autorités américaines, le nouveau chef de l’EI en Afghanistan est mort. Ça survient la même semaine, que les forces gouvernementales irakiennes, ont libéré la ville assiégée de Mossoul. Sur le plan médiatique, c’est une mauvaise semaine pour l’organisation terroriste.
  6. Donald Trump JR avoue avoir travaillé avec Moscou : Le fils du Président américain vient de confirmer qu’il a tout fait pour nuire à la campagne d’Hillary Clinton, en collaborant avec les Russes. Ce fut encore une semaine mouvementée pour Trump, qui était en visite en France cette semaine.
  7. La dictature n’est pas loin de la Turquie : Un an après la tentative de putsch manquée, le Président Erdogan continue sa marche vers la dictature. En effet, le gouvernement a limogé environ 7500 policiers cette semaine. C’est 100 000 fonctionnaires, depuis l’année dernière, qui ont perdu leur emploi, en raison de liens présumés avec le prédicateur Gulën, qui aurait conduit le putsch de l’an dernier. Il est est noter que celui-ci est en exil aux États-Unis depuis 1999. Que voulez-vous, les dictateurs ont tendance à être paranoïaque.

 

Je vous souhaite de belles vacances,

Michel Bouchard

 

 

Khadr : victime ou terroriste ?

Voici une chronique que je ne pensais pas être obligé d’écrire. Lorsque j’ai appris la nouvelle qu’ Omar Khadr allait recevoir 10 millions de dollars du gouvernement canadien, je me suis dit que beaucoup de journalistes avaient un avis sur le sujet. Dans ce contexte, à quoi bon en ajouter. Toutefois, le texte d’opinion, d’un confrère de monde contemporain, qui est paru dans le journal Le Soleil du 11 juillet 2017***, me fais réagir et me donne l’impulsion pour écrire une réflexion. La question à laquelle je vais répondre est la suivante : est-ce que Khadr est une victime ou un terroriste ?

Une victime ?
Le gouvernement canadien vient d’indemniser l’auteur d’un acte terroriste. Voici ce que pensent les défenseurs de cette décision :

  • Il avait 15 ans lors de l’attentat et il était donc mineur.
  • Il a été enfermé à la prison de Guantanamo pendant 10 ans, dont huit années où il clamait son innocence et où il était en attente d’un procès. Par la suite, il a terminé sa sentence dans une prison canadienne de 2012 à 2014.
  • On l’aurait torturé, afin de lui faire avouer sa culpabilité.
  • Il est le seul ressortissant occidental, où le pays n’a pas demandé son extradition. La décision de ne pas intervenir dans ce dossier, fut sans doute motivée par ce qui était arrivé à son père en 1995. Soupçonné de terrorisme par le Pakistan, le gouvernement de Jean Chrétien était intervenu pour le faire libérer de prison. Le problème dans tout ça : son père était un proche de Ben Laden et le Premier Ministre canadien l’ignorait. C’est tout de même une erreur notable !

Un terroriste ?
Omar Khadr est né à Toronto au sein d’une famille salafiste, qui observait les préceptes les plus orthodoxes de la religion musulmane. C’est dans les années 1990, que la famille va déménager au Pakistan. À l’âge de onze ans, il sera envoyé dans un camp d’entraînement d’Al-Qaïda en Afghanistan. Il y apprendra tous les rudiments pour devenir un terroriste.* En puis, ce fut le 11 septembre 2001. Georges W.Bush déclencha la guerre au terrorisme en lançant une intervention, sous la houlette de l’Otan, en Afghanistan. C’est dans ce contexte que le jeune Khadr va tuer un soldat américain. Il sera immédiatement capturé et envoyé à la prison de Guantanamo. Cette prison fut bâtie, par l’administration américaine, sur un No man’s land. Un territoire cubain, qui est loué par les Américains et où les lois américaines ne s’appliquent pas. Khadr y sera envoyé en compagnie de près de 800 prisonniers. La plupart ne furent jamais reconnus coupable de quoi que ce soit. Il fut donc arrêté, dans le cadre de la guerre au terrorisme, et il était considéré comme il se doit : un terroriste, parce qu’il est responsable de la mort d’un soldat américain.

Évidemment, il faut bien que je réponde à la question que j’ai posée. Selon moi,  Khadr est une victime qui a commis un acte terroriste, alors qu’il était mineur. Il est donc aussi un terroriste. Le problème de cette histoire, c’est qu’il a été traité injustement, par une administration américaine qui a fait fi de toutes les règles du droit international. Son histoire est d’une tristesse infinie, mais que dire de la famille du soldat mort au combat. De plus, la compensation qui lui a été versée est injustifiable, surtout du point de vue des victimes. Je comprends le geste de la veuve du soldat mort, d’avoir tenté une manœuvre pour faire geler les avoirs de Khadr.**Enfin, ce qui m’emmerde le plus dans cette saga, c’est cette volonté canadienne, manuscrite dans la Charte des droits et libertés, à être le « plus meilleur pays au monde » où tous peuvent trouver refuge et où la tolérance et l’ouverture sont devenues des ingrédients que l’on intègrent dans toutes les sauces. Vivement la légalisation du pot !

*Pour ma part, je viens d’envoyer mon garçon dans un camp d’été pour qu’il apprenne tous les astuces pour devenir un Ninja. Mettons que nous n’avons pas le même niveau d’encadrement familial.
** La procédure vient d’être rejetée par la Cour supérieure de l’Ontario.
***http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201707/10/01-5114892-que-devais-je-dire-a-mes-filles-a-mes-etudiants-a-ma-famille-a-mes-concitoyens.php

Les nouvelles de la semaine (2 au 8 juillet 2017)

  1. Simone Veil reposera au Panthéon : Une grande figure de la politique française est décédée la semaine dernière. Une grande féministe qui a notamment travaillé à la création de la première loi sur l’avortement.
  2. Les armes autorisées dans les universités publiques du Kansas : C’est une mesure pour augmenter la sécurité sur les campus. C’est l’évidence même : plus il y a d’armes et plus on est en sécurité ! Vraiment ?
  3. Au moins 30 morts dans l’État du Sinaloa en 24 heures : Autre flambée de violence dans une province du Mexique. Selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS), lors de l’année 2016, 23000 personnes ont trouvé la mort lors d’affrontements dans cette guerre de la drogue. Après la Syrie, ce conflit a été le deuxième plus meurtrier sur la planète en 2016.
  4. Volvo abandonne son moteur à combustion : Le constructeur automobile Volvo, propriété d’intérêts chinois depuis 2012, vient d’annoncer qu’il arrêterait de construire des voitures à combustion dès 2019. Dorénavant, ça sera des voitures électriques ou hybrides (électricité-essence). Enfin quelqu’un qui se lance, probablement que d’autres constructeurs seront inspirés.
  5. Encore la Corée du Nord : La dictature vient de faire l’essai d’un tir de missile intercontinental. Selon les experts américains, l’Alaska serait maintenant à la portée d’un tir balistique.
  6. G20 : C’était la réunion du G20 à Hambourg en Allemagne cette semaine. Comme d’habitude, des manifestations ont éclaté pour dénoncer les négociations qui ont lieu lors de ces rencontres. Les yeux étaient tournés vers Donald Trump, lors de ce meeting qui réunissait les vingt premières économies au monde.
  7. Omar Kadhr reçoit 10 millions en compensation : Il avait 15 ans lors des événements qui avaient conduit à la mort d’un soldat américain en Afghanistan. Kadhr qui a la double nationalité (afghane et canadienne ) fut pratiquement le seul locataire de la prison de Guantanamo à être reconnu coupable d’un crime. Le Canada vient de verser cette compensation pour s’excuser de son inaction pour le faire libérer, sachant très bien qu’il avait été victime de torture.
  8. Cessez-le feu en Syrie : Une entente vient d’être conclue entre Washington et Moscou pour un arrêt des combats dans le sud-ouest de la Syrie. De violents combats font rage dans cette région entre les forces gouvernementales syriennes, les rebelles appuyés par les États-Unis et le groupe armé État islamique. L’objectif de l’arrêt des combats: permettre à la population locale d’avoir accès à l’aide humanitaire. Vous connaissez la durée d’un cessez-le-feu ? Le temps qu’on recommence à tirer…
  9. République Centrafricaine : C’est rare que l’on parle de ce pays dans les nouvelles, mais il mérite que l’on s’y attarde un peu. Pendant que ses dirigeants, vivants dans une bulle de verre de la capitale (Bangui), l’ONU doit se démerder pour établir une Cour spéciale pour les violences qui vont rage dans ce pays depuis 2015. À suivre…
  10. Première rencontre entre Poutine et Trump : C’est de la cadre du G20 qu’a eu lieu la première rencontre, après un froid diplomatique, entre les deux pays. Une rencontre cordiale qui a mis de l’avant de fortes divergences :
    1. L’intervention russe dans la campagne présidentielle;
    2. La question de la guerre civile en Syrie reste un sujet important de dissensions. Notamment sur le fait de travailler ou pas avec le dictateur Bachar al-Assad;
    3. La situation en Ukraine reste préoccupante, car Moscou est soupçonnée de soutenir la rébellion pro-russe dans cette région.

Pour les gens de ma génération et de ceux qui m’ont précédé, la Guerre froide a été ce qui générée le plus d’inspiration pour les différents scénarios de films ou de livres d’espionnage. La plupart de nos vecteurs de cauchemars se situaient du côté du bloc communiste. Je me souviens des matchs de hockey entre l’équipe Canada et les Soviétiques. Maudit que j’avais peur d’eux, de leur jeu structuré et sans émotion et de la face de chien de Victor Tikonov. Il faisait peur les amis et devant la joie que m’avait procuré le but de Mario Lemieux à la Coupe Canada de 1987*, j’avais eu un sentiment d’effroi à l’égard de ce qui allait arriver aux joueurs de l’équipe CCCP à leur retour à Moscou. Il y a eu Gorbatchev, la Perestroïka, la Glasnost, la Chute du mur et ce fut la fin du communisme. Il n’y avait plus rien à craindre, plus de méchants pour Hollywood. C’est certainement dans cette décennie (1990-2000), que va se situer la fin de la période contemporaine, car au vide laissé par le démantèlement du bloc communiste, le fondamentalisme islamique a pris la place. Une émergence qui se fera dans le fracas du 11 septembre 2001. De nouveaux ennemis furent trouvés et nous pouvions enfin recommencer à craindre quelqu’un. Qui sont-ils et d’où viennent-ils ?

Al-Qaïda
C’est dans les années 1990 que va apparaître le groupe terroriste dirigé par Oussama Ben Laden. Le groupe était déjà actif depuis fort longtemps dans la guerre d’Afghanistan contre l’envahisseur soviétique. Avec la chute du régime communiste, ces combattants vont orienter leur lutte contre les apostats* de l’islamisme soit l’Arabie-Saoudite et l’Égypte, ainsi que contre ses sympathisants occidentaux. Lors de cette période, Al-Qaïda va profiter du désengagement des services secrets américains au Moyen-Orient** pour progresser, recruter et former des combattants du Djihad islamique. Tout ceci avec l’établissement de camps d’entraînement en Afghanistan, qui était alors dirigé par les Talibans du Mollah Omar. Au cours de cette période, le groupe se fera remarquer avec plusieurs attentats retentissants, dont les attaques des ambassades américaines de la Tanzanie et du Kenya en 1998, ainsi que la frappe contre le destroyer américain USS Cole en 2000. Évidemment, ce sont les attaques du 11 septembre 2001 qui viendront définitivement mettre la table à la nouvelle guerre du 21e siècle, celle contre le terrorisme. Une guerre lancée par Georges W.Bush et qui conduira une coalition internationale en Afghanistan et en Irak.

Daech et son État islamique
La décennie 2000 va nous conduire à une mutation d’Al-Qaïda. Tout d’abord, le groupe va s’internationaliser. Il va commencer à former des djihadistes de nationalités multiples qui pourront retourner tranquillement dans leur pays d’accueil et attendre l’appel. De plus, l’exécutif du regroupement, qui était composé d’anciens combattants d’Afghanistan***, va étendre son action à plusieurs régions du monde. Ainsi, une branche d’Al-Qaïda sera notamment créée en Irak.(AQI) À partir de 2006, ce groupe dirigé par Abou Moussab al-Zarqaoui, va se mettre à viser les intérêts américains en Irak et tenter de semer la discorde et le chaos entre les Chiites et les Sunnites pour faire du recrutement. L’actuel chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, n’était pas d’accord avec cette stratégie et les divergences vont conduire les combattants d’AQI à proclamer un État islamique en Irak et en Syrie. C’est dans ce contexte que Daech fit son apparition et il se démarqua en perpétrant des actes de barbaries, comme la décapitation d’otages en direct. Le groupe terroriste va donc s’émanciper d’Al-Qaïda et concentrer son champ d’action dans la conquête de territoires en Irak et en Syrie pour la réalisation de son objectif : la création d’un Califat islamique.

Lors de la dernière année, la coalition internationale a fait des gains importants en reprenant les villes d’Alep en Syrie et de Mossoul en Irak. D’ailleurs, dans le journal La Presse de la fin de semaine dernière, un article évoquait la fin de l’État islamique. Je n’ai pas lu cet article, histoire de ne pas altérer mon opinion de la question. Est-ce la fin de l’EI ? Bien sûr que non, car la prochaine bataille ne se jouera pas sur des territoires désolants comme l’Irak et la Syrie. La bataille se jouera sur les réseaux sociaux, car l’idéologie continuera de faire des gains à ce niveau. Le potentiel de désespoir est grand à l’échelle planétaire et il est facile à exploiter. De plus, il est dur de lutter contre la propagande, surtout lorsque celle-ci profite de moyens technologiques comme ceux que l’on connaît et de financement sans limites, gracieuseté de monarchies pétrolières malintentionnées. Enfin, le vide laissé par la fin du communisme est d’une certaine façon, adéquatement comblé par cette lutte au terrorisme. Parlez-en aux Jack Bauer de ce monde !

*Qui renonce publiquement à une religion ou une doctrine.
**Lorsque Lemieux a compté le but vainqueur, vous vous souvenez du joueur qui était seul devant le but qui n’aurait eu qu’à pousser la rondelle dans le fond ? Comme le mentionnait avec justesse M.Petitclerc, y’a dû faire des cauchemars !
https://m.youtube.com/watch?v=wS9BwliAJus
***Lorsque Bill Clinton va accéder à la Maison Blanche, l’obsession du moment était de juguler les énormes déficits budgétaires. Évidemment, les services secrets seront frappés par la diminution des sommes allouées pour la surveillance sur le terrain, au détriment d’une surveillance par satellites.
****Ben Laden et ses comparses luttaient aux côtés des Moudjahidins, rebelles afghans, contre l’envahisseur soviétique. Dans cette lutte, ils étaient soutenus et armés par l’armée américaine.