Le premier octobre prochain, les Catalans doivent se prononcer sur leur avenir au sein de l’Espagne. Avec les derniers événements, il n’est pas certain que ce peuple puisse se prononcer sur son avenir. Dans deux jours, le Kurdistan irakien va tenir un référendum sur son indépendance. Dans les deux cas, leur projet d’émancipation est mis à mal par l’État fédéral**. Il va sans dire que l’indépendance est désormais perçue comme un projet illégitime de la part de certains. Le principe de l’autodétermination des peuples, telle qu’établie par l’ONU, connaît des heures sombres. Deux peuples voulant procéder à une consultation sur leur avenir, qui sont victimes d’États démocratiques qui sont prêts à tout pour freiner des aspirations. Est-ce qu’il est encore possible de devenir indépendant ?
La Catalogne

Les événements des derniers jours en Catalogne sont révoltants, du point de vue d’un partisan d l’autodétermination des peuples et de la démocratie. L’État espagnol a décidé d’y aller d’un coup de force pour bloquer le référendum sur l’indépendance de la Catalogne qui doit avoir lieu le deux octobre. Arrestations de dirigeants catalans, saisis de dix millions de bulletins de vote, perquisitions… Tout est mis en œuvre pour empêcher la consultation. La raison invoquée par Madrid: L’Espagne, d’un point de vue constitutionnel, est indivisible. Cette attitude d’intransigeance est perçue par les indépendantistes catalans comme étant une violation du principe à l’autodétermination des peuples. Selon eux, la Catalogne est une nation qui réside sur un territoire circonscrit et qui peut se séparer. Il y a là un point de rupture important entre l’Espagne et la Catalogne. Si jamais, le référendum n’avait pas lieu, en raison de l’impossibilité physique de le faire, les traces des événements des derniers jours pourront être indélébiles.
Le Kurdistan

C’est aujourd’hui(25 septembre) que le Kurdistan irakien doit se prononcer sur son indépendance. Cette consultation se fera sans l’accord du gouvernement central de l’Irak et avec la désapprobation générale de la communauté internationale. Pour les opposants de cette consultation, l’indépendance de cette région viendrait fragiliser le climat politique qui est déjà très précaire dans la région. Bien, que le cas du Kurdistan est différent de la Catalogne, un fait demeure: on ne reconnaît plus le droit à l’autodétermination des peuples.
Il sera intéressant de suivre les événements dans ces pays dans les prochains jours, car l’entêtement des gouvernements centraux à ne peut reconnaître l’existence de nations à leur sein, pourrait tourner à leur désavantage. C’est la colère qui poussera les Catalans aux urnes et le résultat pour la sécession pourrait être élevé. Imaginez le chaos, que provoquerait la non-reconnaissance de l’État catalan. Pour les Kurdes, on peut d’ores et déjà affirmer que peut importe les résultats : l’existence de ce peuple a peu de chance d’être reconnu. Dans ce contexte, je ne peux pas m’empêcher de conclure en faisant un parallèle avec la situation du Québec au sein du Canada. Dans ce pays, le gouvernement fédéral s’est même doté d’une loi, en 2000, pour bloquer toute velléité d’indépendance du Québec, du moins de la rendre pratiquement impossible. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est la consécration mondiale de la fin du principe à l’autodétermination des peuples. Désormais, l’indépendantiste est vu comme une tare à abattre, un ennemi à discréditer. Dans ce contexte, je me sens « indépendantriste.»
*Je me suis inspiré d’une chanson écrite en 1992 par Robert Charlebois pour le titre de cette chronique.
**L’Espagne n’est pas vraiment une fédération, ce qui la rend indivisible selon le gouvernement de Madrid.