Les nouvelles de l’été selon…

Bonjour à tout le monde,

Aujourd’hui je lance un nouveau mode de fonctionnement sur les chroniques du monde contemporain. Comme je suis de retour au travail, je vais mettre à contribution mes étudiants. Le premier travail que je leur propose, sera de répondre à la question suivante : Quelle a été, selon vous, la nouvelle la plus importante de l’été ?

Des Haïtiens et des intolérants

Depuis plusieurs semaines la frontière du Québec est assailli par un flot de personnes d’origine haïtienne. Évidemment, cette flambée migratoire n’est pas sans faire ressortir un débat d’actualité : l’immigration. Afin de bien saisir les enjeux de cette question, il faut rechercher au-delà du débat polarisé entre les mondialistes et les nationaux. D’un côté, il y a ceux qui seraient prêts à accueillir quiconque se présente à la frontière et de l’autre, ceux qui voudraient renvoyer ces gens. Le débat que nous avons de ce côté de la frontière, est le même que celui qui a fait rage au lendemain des événements de Charlottesville aux États-Unis. Il y a un malaise important sur cette question et les positions semblent irréconciliables. Ceci dit, j’aimerais répondre à deux questions sur l’immigration, histoire de sortir de ces chicanes acrimonieuses et stériles. Une stérilité provenant de l’incapacité de certains intervenants à accepter des points de vue divergents.

Qu’est-ce qui explique cet afflux soudain d’immigrants haïtiens à la frontière canadienne ?
Tout d’abord, le contexte américain n’est pas très favorable pour les immigrants. Rappelons que le Président a tenté de mettre des restrictions importantes pour les immigrants originaires de sept pays musulmans. À cela s’ajoute la volonté présidentielle de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mexique. Il va s’en dire que le contexte américain n’est pas très favorable pour les immigrants, car les politiques de l’administration américaine introduisent un climat de méfiance à l’égard de l’immigration. Les derniers événements de Charlottesville viennent donner un peu de poids à cet argumentaire, d’autant plus que le Président a eu énormément de difficulté à dénoncer les actions des suprémacistes blancs et des néonazis.

Ensuite, il y a l’entente entrée en vigueur en 2004 entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs. Selon cette entente, les demandeurs d’asile doivent faire la demande dans le premier pays où ils arrivent. C’est pour cette raison que les migrants haïtiens parcourent de longues distances pour arriver à la frontière canadienne. Une fois arrivés en sol canadien, les migrants font une demande d’asile* au Canada. Il est à noter qu’un demandeur d’asile ne peut pas faire une demande aux États-Unis et ensuite au Canada. Étant donné que le Canada est perçu, à l’étranger, comme un pays ouvert et tolérant, les Haïtiens choisissent de venir au Canada, plus particulièrement au Québec, d’autant plus que la diaspora haïtienne y est importante.

Peut-on encore remettre en question l’immigration ?
Depuis le lancement des chroniques du monde contemporain, j’ai écrit trois textes sur cette question. Ma thèse que j’ai développée dans le texte, réflexion sur l’intolérance, évoquait le manque de tolérance à l’égard des positions nationalistes. Dès que quelqu’un en appel à une révision des seuils migratoires ou à une réflexion sur l’immigration, il est tout de suite taxé d’«intolérant» ou de « xénophobe ». Est-ce que le débat est encore possible sur cette question ? Dans un contexte où s’amorce, à l’automne, une consultation sur le racisme systémique qui sévit au Québec, j’ai de la misère à croire que l’exercice se termine avec autre chose qu’une espèce de sanction collective à l’égard du nationalisme québécois.

Le débat qui fait rage sur la question de l’immigration n’en est pas vraiment un, car il ne laisse pas de place pour des positions mitoyennes. Entre les apôtres du multiculturalisme à tout crin et les suprémacistes blancs, il doit y avoir un espace pour le débat public. Un espace où l’on discute et où on n’est pas toujours en train de caractériser l’autre d’intolérant et de créateur d’amalgames.**Enfin, aux yeux des mondialistes, je me demande s’il est encore possible de s’affirmer nationaliste, protecteur de la langue française et de notre identité, sans être considéré comme étant raciste.

*Il est important de savoir qu’une personne qui demande l’asile, peut le faire dans un contexte où sa vie est en danger. Les conditions économiques ne sont pas du tout considérées à ce niveau.
**Qui suis-je ? J’aime utiliser ce mot à toutes les sauces.

https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/03/17/le-populisme-un-danger-pour-notre-civilisation/ (Réflexion sur l’intolérance)
https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/03/28/louverture-des-frontieres-nest-pas-un-remede/ (L’ouverture des frontières n’est pas un remède)
https://chroniquesdumondecontemporain.com/2017/05/03/les-nationaux-et-les-mondialistes/ (Les nationaux et les mondialistes)

 

Nouvelles de la semaine (12 au 19 août 2017)

  1. Bannon quitte le navire (18 août 2017 ) : L’architecte de la victoire de Trump aux dernières élections a été remercié. Le controversé conseiller ne faisait plus vraiment l’unanimité au sein de l’administration. Rappelons qu’il était à la barre du site internet Breitbart. Site adepte de positions de l’extrême droite et des théories du complot.
  2. Attentats de Barcelone (17 août 2017) : La capitale catalane a été frappé par l’EI. Bilan : 14 morts et 120 blessés. C’est le lieu touristique très fréquenté de la Ramblas qui a été la cible des terroristes. La cellule a été démantelée, mais le mal est fait. L’organisation terroriste perd du terrain en Syrie et en Irak, mais il ne faut jamais oublier que l’organisation islamique connaît aussi le concept de mondialisation.
  3. Trump isolé (16 août 2017) : Dans la foulée des événements de Charlottesville, le Président est revenu sur sa condamnation des actes qui se sont produits, en blâmant les deux côtés pour leurs actions. Le Président vient de commettre l’irréparable, car il vient d’être abandonné par le monde des affaires. En effet, il a dû abolir deux conseils économiques qu’il avait formés en raison de la défection de plusieurs dirigeants d’entreprises. La présidence de Trump, qui devait se faire en harmonie avec le monde des affaires, bat de plus en plus de l’aile. Après six mois à la barre des États-Unis, il semble que le Président soit de plus en plus isolé et que les trois prochaines années et demie ressembleront à une traversée du désert.
  4. Attentats au Nigéria (15 août 2017) : Le jour de la réunion de l’ONU au Mali pour la création du G5 Sahel, un triple attentats a fait 28 morts et 82 blessés au Nigéria. C’est le groupe islamiste Boko Haram qui a revendiqué ces actions. Rappelons que ce groupe avait prêté allégeance à l’EI en 2016 et qu’il c’était fait connaître avec l’enlèvement de 276 lycéennes en 2014. Pendant ce temps, la création du G5 Sahel est toujours incertaine, car il manque encore les trois quarts du budget.
  5. Attentats à Ouagadougou et Tombouctou (14 août 2017) : 18 morts dans un café de Ouagadougou au Burkina Faso et 9 morts à Tombouctou, contre la mission des Nations unies au Mali. Ces attentats surviennent à quelques heures d’une importante réunion de l’Onu qui doit mener à la création d’une force spéciale africaine.(G5 Sahel) Cette force devrait être opérationnelle à l’automne et aura comme mandat de lutter contre le Djihadisme qui prend de l’expansion sur le territoire du Sahel. Pour l’instant, il n’est pas assuré que l’on puisse créer cette force d’intervention, en raison du financement qui reste incertain. Lorsque l’on parle de la faim dans le monde et de l’Afrique, on a toujours de la difficulté à réunir des sommes suffisantes. Vous saviez que l’enfer était pavé de bonnes intentions ?
  6. Rassemblement des suprémacistes blancs : (13 août 2017 ) L’état d’urgence vient d’être décrété à Charlottesville en Virginie. Des membres du KKK et des néonazis ont organisé une manifestation pour contester le déboulonnement de la statue du général Lee. Est-ce que vous vous souvenez de la série « The Dukes of hasard » ? (Shérif fais moi peur.) Sur l’auto des personnages principaux, il y avait un drapeau de confédérés qui représentait les sudistes de la guerre de sécession. Ceux qui se sont battus pour maintenir l’esclavage. Le Président américain a pris deux jours pour condamner ces groupes pour leurs actions.
  7. Trump et le Vénézuela 12 août 2017 : Trump vient d’évoquer une intervention militaire au Vénézuela. C’est sûr que ça règlerait sûrement la situation… On se croirait dans un épisode de « The apprentice ». Sérieusement, il y a combien d’interventions militaires qui ont amené la paix et la démocratie dans un pays ? Au Rwanda monsieur… Ouais, mais ça ressemble de plus en plus à une dictature dans ce pays. Plus le temps passe et plus je me questionne sur la capacité de Donald Trump à diriger un pays comme les États-Unis. C’est bien beau d’écrire des Tweets, mais à un moment donné, il faut livrer la marchandise et arrêter de donner un show. Ce qui se passe au Vénézuela, c’est un problème qui regarde les Vénézuéliens. C’est tout… Ceci dit, il serait étonnant que Maduro puisse ramener la pays sur les rails et continuer de diriger en toute légitimité.

Des nouvelles de l’été

Bilan des chroniques

Après près cinq mois de chroniques du monde contemporain, il est maintenant l’heure de bilan, d’autant plus que mon congé tire à sa fin. C’est près de 11 000 vues et plus de 7500 visiteurs qui ont fréquenté le site. Malgré ce succès relatif, il faut que j’entrevoie la suite des choses d’une manière différente. Puisqu’il n’y a aucun quotidien à grand tirage qui a fait appel à mes services, je me vois dans l’obligation de recommencer à travailler. À partir de là, je vais manquer de temps et je ne pourrai pas continuer au même rythme. C’est dans cet esprit que je vais travailler différemment dans les prochaines semaines. Les longues chroniques seront remplacées par des commentaires plus courts sur l’actualité. Tout ce que j’espère, c’est que les chroniques du monde contemporain puissent survivre à mon retour au travail, d’autant de plus que j’ai eu beaucoup de plaisir à produire ces textes. Enfin, merci à tous ceux qui ont suivi mes activités depuis le début.

Des nouvelles de l’été

  1. Liu Xiaobo est mort : C’est dans l’indifférence totale du monde occidental que le militant chinois est mort d’un cancer du foie. Il avait commencé sa carrière de militantisme lors des événements tragiques de la place Tiananmen en 1989. Son dernier crime : avoir lancé une pétition pour réclamer une démocratie en Chine. Il avait d’ailleurs reçu le prix Nobel de la paix en 2010 , lorsqu’il venait de commencer à purger ses onze années de prison. Sa mort vient de mettre fin à une page de l’histoire de la Chine. Une histoire qui aurait pu voir l’émergence d’une démocratie où les droits des êtres humains sont respectés. Qu’à cela ne tienne : « Moneytalks ».
  2. Guerre de mots entre Kim et Trump : La Corée du Nord menace de lancer un missile sur l’Île de Guam. Les États-Unis répondront avec le feu et la fureur, selon Trump. À un moment donné, il y’a quelqu’un qui va l’échapper. Peu importe, plus l’attention est portée sur ce sujet et moins on parle de l’intervention russe dans la dernière élection présidentielle.
  3. La Palestine et Israël : Encore une fois, les tensions ont été ravivées à Jérusalem au courant de l’été. Comme enseignant, j’aime beaucoup cette question, car elle revient toujours dans l’actualité. Israël va fêter le 70e anniversaire de sa création l’an prochain et la paix n’y sera pas avant le 100e…Il me reste 15 ans à travailler…
  4. Lula en prison : L’ex leader charismatique du Brésil vient d’être condamné à huit ans de prison pour corruption. Ce pays est en crise et les scandales se multiplient. Roussef a été destituée, Temer pourrait faire face à la justice, de même que le tiers des députés. Et si Lula allait en appel de sa sentence, il pourrait revenir pour les élections de 2018. C’est ce que souhaite bien des Brésiliens, malgré les odeurs de corruption.
  5. Le Vénézuela au bord du chaos : Le pays est en crise depuis des mois et la guerre est ouverte entre l’opposition et le président Maduro. La crise a pris de l’ampleur depuis que la procureure générale du Vénézuela, Luisa Ortega, a commencé à critiquer le gouvernement pour la trop grande proximité entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Cette ancienne sympathisante de Hugo Chavez a d’ailleurs été limogé par l’Assemblée le 5 août dernier. Le pays s’enfonce dans la dictature.

 

N.B. Pour cette semaine, voici un autre extrait de mon essai que j’ai écrit en 2013. Le texte n’est pas récent, mais le propos est encore pertinent à mon sens.

De l’Amérique du sud aux ex-pays du bloc communiste, de l’Afrique à certains pays d’Asie, la dette accable les pays en développement. La mondialisation, qui a permis une plus grande fluidité des capitaux, a créé un problème : la possibilité de s’endetter, que l’on soit pauvre ou riche. Un problème que l’on doit affronter en faisant des choix douloureux : couper dans les investissements dans la santé, l’éducation, la croissance et le bien-être des populations. Les pays en développement, sous les pressions du FMI(Fonds monétaire international) , doivent faire des choix catastrophiques pour le bien-être de leur peuple. Actuellement, la mondialisation permet une plus grande circulation des capitaux, mais la circulation se fait dans le mauvais sens. Si l’on voulait réellement que les pays pauvres se développent, l’argent coulerait des pays riches vers les pays pauvres. Avec le remboursement des dettes, c’est le contraire qui se passe. Les pays pauvres remboursent leurs dettes aux institutions des pays riches. Il y a deux problèmes à soulever pour bien comprendre pourquoi les pauvres sont si endettés : ils empruntent trop; et les pays riches leur prêtent trop et avec des modalités de remboursement trop difficiles à supporter. À cet égard, il faut bien comprendre que l’on a toujours tendance à blâmer l’emprunteur, mais qu’en est-il du prêteur ? Il faut des prêteurs responsables, qui ne cherchent pas le profit « facile ». Ultimement, c’est toujours l’emprunteur qui est responsable et c’est toujours le peuple qui en paye les intérêts. Même si ces prêts ont été contractés par des régimes dictatoriaux corrompus. Lorsqu’une banque occidentale passait de l’argent à Mobutu au Zaïre, est-ce que c’était « moralement » acceptable qu’elle exige le remboursement de cette somme ?

Pour bien comprendre le problème des dettes dans le monde, il faut se poser la question suivante : est-ce qu’il y a trop d’emprunts ou trop de prêts ? Selon Stiglitz, les prêteurs sont à blâmer, car ils ont l’obligation de faire preuve de diligence, pour juger de la solvabilité de l’emprunteur. Toutefois, il ne faut pas excuser le comportement dépensier de certains régimes. Un fait demeure, peu importe à qui incombe la faute, il faut rembourser la dette.

Lors d’une crise de la dette, le FMI accourait pour une opération de sauvetage, mais ce n’était pas le pays qui était sauvé, mais les banques occidentales. « Cette pratique apportait l’argent nécessaire pour rembourser les créanciers étrangers, qui n’avaient donc pas à payer le prix de l’erreur qu’ils avaient commise en prêtant[1]. » Il s’agit de l’application du principe de la socialisation des risques du privé. Pour ce qui est d’Allan Greenspan, il faisait référence à l’exubérance irrationnelle[2]. On accourait pour le profit facile et les banques occidentales savaient qu’elles ne couraient pas de risque. En cas de problème, le FMI sauvait sa mise et le peuple se retrouvait avec le fardeau de la dette.

Cette problématique à l’égard de la dette est explicable en raison de trois échecs du marché du risque, lequel est conditionné par les adeptes du néolibéralisme. Premièrement, lorsqu’un pays emprunte en dollars américains ou en euros, ça rend le pays susceptible de subir les foudres de la volatilité des marchés. Une dette peut doubler en quelques semaines si la devise du pays en vient à s’effondrer, comme ce fut le cas pour la Moldavie[3]. En deuxième lieu, les contrats de « prise ferme » de la BM(Banque mondiale) ou du FMI, qui transfère au pays les risques de la baisse de la demande pour un produit ou un service. Un État doit donc acheter tout ce qui n’a pas été vendu par une entreprise étrangère, pour que celle-ci ne subisse pas de pertes. Finalement, le principe des prêts à court terme et du remboursement sur demande ont rendu la vie extrêmement difficile aux pays pauvres. Dès qu’une banque sent que ça va mal, elle exige le remboursement, ce qui rend le pays très vulnérable. Avec la libéralisation des marchés, les capitaux se sont mis à circuler à très grande vitesse. Ce principe additionné aux politiques du Consensus de Washington appliquées par la BM et le FMI ont rendu la vie très difficile dans plusieurs pays pauvres.

[1] Stiglitz, Un autre monde, P.364.
[2] Il a été notamment à la tête de la Banque Fédérale américaine de 1987 à 2006 et donc, un des hommes les plus puissants de l’économie mondiale lors de cette période. Selon lui, on accoure dans un marché par temps d’optimisme et on en repart rapidement quand l’humeur change. Source : Greenspan, Allan. 2007. « Le temps des turbulences», JC Lattès, Paris, 677 pages.
[3] Dans la foulée de la crise russe de 1998, la Moldavie, ancienne république de l’Union Soviétique, a vu sa devise dévaluée de manière importante. En perdant ainsi sa valeur, le remboursement de la dette extérieure, contractée en devises étrangères, est devenu insupportable. À un moment donné, la dette extérieure représentait près de 75% du budget de l’État.