Le devoir de mémoire (Acte 1 : De Mobutu aux Kabila)

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Lorsque j’ai commencé à enseigner en 1998, j’enseignais un cours de géographie optionnel de secondaire 5. Dès le début de ma carrière, j’ai eu le goût de démystifier des problématiques du monde contemporain. À ma première année d’enseignement, j’avais choisi deux conflits pour épater mon directeur, lors de mes premières supervisions comme enseignant. J’ai commencé par le conflit en ex-Yougoslavie et j’ai mis la cerise sur le sundae avec le génocide rwandais. C’est dans ce contexte, que je traîne dans mes cartons d’enseignant, le génocide rwandais. À chaque année ou presque, je m’évertue à faire comprendre ce qui s’est passé en 1994 dans ce petit pays de l’Afrique des Grands Lacs. Je termine toujours ce chapitre par la conclusion suivante : « La fin du génocide va provoquer l’exil de deux millions de personnes, principalement de l’ethnie hutue, vers le pays voisin qui s’appelait le Zaïre à ce moment. Cet exil massif viendra déstabiliser ce pays et provoquer un conflit qui fera entre quatre et cinq millions de morts. » J’arrête l’histoire à ce moment et je passe à une autre problématique. Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre l’histoire et de vous raconter ce qui se déroule en République Démocratique du Congo depuis trente ans. Nous avons un devoir de mémoire par rapport à ce conflit qui est, soi dit en passant, le plus tragique depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Les dommages collatéraux du Rwanda
C’est donc dans le contexte de la fin du génocide au Rwanda, situé à l’Est de la RDC, que deux millions de personnes, vont fuir les représailles potentielles du nouveau Président du Rwanda Paul Kagamé.* Ils vont aller se réfugier dans la province du Nord-Kivu.

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L’arrivée massive de réfugiés, principalement de l’ethnie hutue et membres du FAR ou de l’Interhamwe**, va venir complètement bousculer l’équilibre d’un pays qui était déjà fragile et qui était sous l’emprise du dictateur Mobutu depuis près de 30 ans. C’est ainsi que les tensions ethniques qui étaient déjà grandes, vont s’accentuer et seront attisées par l’ingérence du Rwanda et de l’Ouganda. Comme Mobutu était un allié et ami de l’ancien président Président rwandais, Habyarimana***, ces pays ont travaillé pour aller mettre leur homme, Laurent Désiré-Kabila, aux rênes du Zaïre. C’est dans ce contexte, que le Zaïre deviendra la République Démocratique du Congo et que le dictateur Mobutu devra s’exiler en 1997. Très rapidement, Kabila voulu se distancer de ses nouveaux amis, ce qui viendra mettre la table pour une véritable guerre généralisée en Afrique.

 

Le conflit
L’enfer se déchaînera dans l’Est de la RDC avec l’implication d’environ 10 pays selon deux axes principaux: le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi contre la RDC, le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie. Une guerre africaine, additionnée à de nombreux enjeux ethniques et régionaux. Sans oublier un facteur très important : une volonté d’accaparer les nombreuses ressources minérales de ce pays.(Diamants, Coltan et uranium…). Dans la foulée de l’entente de paix de Lusaka de 1999, la MONUC (Mission de l’ONU) va se déployer dans le pays, mais les combats vont se poursuivent au même rythme. En 2001, Laurent Désiré Kabila est assassiné et tout de suite remplacé par son fils Joseph. Après cinq années de violents combats, une paix globale sera signée à Prétoria en 2002 et mettra fin à ce que certains intervenants appelleront la « première guerre continentale africaine ». Selon des estimations, cette guerre avait fait, à ce moment de l’histoire, près de trois millions de morts et presque autant de gens déplacés. C’est à ce moment que la nouvelle mission des Nations-Unies (MONUSCO) sera chargée de faire respecter la paix entre les pays, sans vraiment se soucier de la paix intérieure…

La semaine prochaine…
Acte 2
La barbarie et l’indifférence.

*Paul Kagame était le chef du FPR, constitué de miliciens de l’ethnie tutsie. Il va conduire ses miliciens de l’Ouganda vers le Rwanda et prendre le pays aux mains du gouvernement hutu, qui était, selon la version officielle, en train de commettre un génocide à l’encontre des Tutsis. Avec sa prise de pouvoir, plusieurs vont fuir parce qu’ils avaient peur de la vengeance des Tutsis.
**FAR pour forces armées rwandaises qui étaient des soldats hutus. Pour leur part, les interahamwés étaient des miliciens hutus qui étaient les exécutants du génocide.
***Juvénal Habyarimana, un hutu, a été assassiné le 6 avril 1994. Sa mort déclencha le génocide rwandais, qui fit près d’un million de morts en près de 100 jours. À ce jour, personne n’est capable d’affirmer avec certitude l’auteur de cet attentat.

Bibliographie

  1. http://www.radiookapi.net/2015/12/08/emissions/point-de-vue-des-jeunes/avantages-et-inconvenients-du-decoupage-territorial-en
  2. http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/10/dans-l-est-de-la-rdc-une-vie-de-guerres-pour-rien_5077468_3212.html
  3. http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/429438/rdc-le-grand-conflit-oublie
  4. http://lactualite.com/politique/2012/12/06/comprendre-la-guerre-en-republique-democratique-du-congo/
  5. http://www.la-croix.com/Monde/Afrique/LEst-RD-Congo-dechire-22-guerre-2016-08-15-1200782377
  6. http://www.milkipress.fr/2016-02-20-les-guerres-en-republique-democratique-du-congo—chiffres-temoignages.html
  7. https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2003-3-page-147.htm

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