Le scandale déclenché par l’affaire de l’entreprise Cambridge Analytica vient, une fois de plus, remettre en question l’utilisation des médias sociaux comme Facebook. On le savait déjà, mais la vie privée n’existe plus. Il fut un temps que ce concept était violé par des gouvernements paranoïaques. Ceux-ci existent encore, mais nous avons aussi affaire à des gens peu scrupuleux qui sont prêts à tout pour faire de la business. À cet égard, les quantités industrielles d’informations que nous laissons avec ou sans notre consentement sur le Web constituent une véritable mine d’or.
L’affaire « Cambridge Analytica»
L’histoire débute en 2013, lorsqu’une entreprise nommée Cambridge Analytica, cofondée par un certain Steve Bannon*, développa l’expertise pour influencer les résultats de scrutins dans des démocraties.** Pour ce faire, l’entreprise utilisait différentes techniques pour arriver à ses fins, création de scandales, fake news, profilage électoral, etc. C’est dans cet esprit qu’elle a mis sur pied une application pour dresser le profil psychologique des utilisateurs de Facebook. De cette manière, l’entreprise a pu obtenir, avec leur consentement, les réponses de 270 000 utilisateurs de Facebook aux États-Unis. Les concepteurs de l’application avaient inclus un algorithme qui permettait d’avoir accès aux informations de tous les amis des gens qui avaient consenti à remplir le questionnaire. Au total, ce sont les données de près de 87 millions d’utilisateurs qui ont été aspirées et vendues à des gens peu scrupuleux. Des profils psychologiques par millions, qui constituaient une véritable mine d’or pour quiconque voulait influencer les résultats d’un vote.
C’est quoi le problème ?
Lorsque nous naviguons sur le Web et que nous utilisons les médias sociaux, nous laissons une quantité énorme d’informations à notre sujet. En principe, nous le faisons en toute connaissance de causes. En effet, l’internaute est très rapide à cliquer sur « accepter » et « suivant » et donc, donne l’autorisation à des entreprises, comme Facebook d’utiliser nos données.*** C’est une mine incroyable de renseignements qui sont ensuite vendus à des tierces parties. Ça s’appelle faire de la business. Dans ce cadre, les gouvernements ferment les yeux sur ces violations de la vie privée, en échange d’un accès privilégié à ces renseignements, notamment en matière de sécurité. En définitive, nous pouvons pointer du doigt ces entreprises et nos gouvernements, mais qu’en est-il de notre déresponsabilisation en tant que citoyen numérique ?
Quelles seront les conclusions de cette affaire ?
Probablement, que l’entreprise Cambridge Analytica aura de la difficulté à se sortir de cette tempête, mais Facebook, après avoir vu son titre baisser de façon magistrale la semaine dernière, va s’en remettre sans trop de difficultés. Zuckerberg fera son mea culpa devant le Congrès américain et la vie va continuer. Pour ce qui est de l’utilisateur, aura-t-il tiré des leçons ? Je ne pense pas…Nous sommes dans l’ère de l’impatience où tout doit se faire rapidement. Nous allons oublier ce scandale et on n’a aura pas plus le temps de lire les consignes avant de partager notre vie avec des étrangers.
*Il est le cerveau derrière l’élection de Donald Trump et fondateur du site internet Breitbart, qui est un site à tendance d’extrême-droite. Il est à noter que Bannon a été limogé par la Maison Blanche en août 2017 et qu’il était l’invité surprise du congrès de refondation du Front National de Marine Le Pen la fin de semaine dernière.
**L’entreprise aurait joué un rôle lors des dernières élections au Kenya, aux États-Unis et lors du Brexit.
***Je vous propose la lecture de cet article pour alimenter votre réflexion à cet égard. http://www.lapresse.ca/techno/reseaux-sociaux/201804/02/01-5159528-comment-proteger-ses-donnees-personnelles-sur-facebook.php