La dernière décision de l’administration Trump de reconnaître Jérusalem comme étant la capitale d’Israël est de nature à mettre le bordel dans cette région du monde. Bien que la situation était précaire, la mise en application des théories énoncées dans le best-seller de Trump: « The Art of the deal » va probablement nous mener vers une troisième intifada*. Selon les principes de ce livre, la semence du chaos serait créateur de possibilités. Les adeptes du néolibéralisme sont très au fait de cette théorie appliquée à plusieurs reprises dans l’histoire récente. La destruction est créatrice de possibilités. ** Dans ce contexte, je me demande bien la logique qui a mené le Président américain à faire ce geste d’une symbolique périlleuse. Je sais qu’il n’y a pas de paix à préserver, car le processus est pratiquement au point mort depuis le début de 21e siècle, mais de là à prétendre que cette reconnaissance de Jérusalem pourrait relancer le processus de paix, il y a ici méconnaissance criminelle du dossier.
Le caractère sacré de Jérusalem
Pour bien saisir l’importance de cette nouvelle, il faut retourner en arrière pour connaitre l’histoire de Jérusalem. Cette ville est considérée comme étant une ville sainte par les musulmans, les juifs et les chrétiens. L’aspect litigieux de ces faits oppose les Palestiniens musulmans et les Juifs d’Israël. En 1947, l’ONU va proposer un plan de partage pour diviser la ville et la Palestine en deux états. Les Palestiniens vont complètement le rejeter, alors que les Juifs vont en profiter pour déclarer leur indépendance. Dès lors, va s’installer une dynamique d’affrontement entre les deux peuples qui va provoquer quatre guerres ouvertes entre Israël et les pays arabes voisins. Ce qu’il faut retenir de ce propos, c’est que les Palestiniens et les Israéliens considèrent Jérusalem comme étant leur capitale.
Capitale d’un pays et d’un non-pays
Depuis la création d’Israël en 1948, les Palestiniens considèrent Jérusalem comme étant leur capitale. Le problème dans tout cela, c’est que la Palestine n’est pas un état reconnu à l’échelle internationale. En fait, il n’y a que quelques pays qui reconnaissent l’existence de ce peuple. De l’autre côté, Israël a attendu 1980, par le biais de la Knesset, pour décréter Jérusalem comme étant sa métropole. Depuis son indépendance, c’est la ville de Tel-Aviv qui joue ce rôle pour l’État israélien. Toutefois, aucun pays n’avait encore reconnu cette déclaration depuis ce jour. C’est donc cela que Donald Trump vient de faire. Reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État juif, avant même d’avoir reconnu l’existence de la Palestine.
En conclusion, il est difficile de penser que cette reconnaissance puisse conduire à un processus de paix quelconque. Depuis 1948, les Palestiniens sont en quête d’une reconnaissance à l’échelle internationale. Jérusalem est un point central dans l’éventualité d’un processus de paix qui conduirait à la création de deux États. Dans ce contexte, la décision de Washington fera sans doute l’unanimité contre elle, en plus de semer un autre sentiment d’injustice auprès de la population palestinienne. Après la création d’Israël, la colonisation illégale, la construction d’un mur et bien d’autres événements, cette concession américaine saura sûrement canaliser les forces de la révolte populaire, vers des jours plus sombres. À cet égard, il faudra surveiller aujourd’hui, en ce jour de prière, si les Palestiniens répondront à l’appel, au troisième intifada, du Hamas.
P.S. Bon texte à lire dans le journal le Devoir de ce matin(9 décembre 2017) sur les implications de la décision du Président américain.
*Il s’agit d’un soulèvement populaire. Dans l’histoire de la palestine, il y a eu deux intifada. (La guerre des pierres de 1987 à 1993 et l’Al-Aqsa de 2000 à 2005)
**D’ailleurs Naomie Klein avait développé ce concept dans son livre la « Stratégie du Choc ». On a semé le chaos en Irak et on a profité du traumatisme généralisé de la population pour leur piquer toutes leurs ressources.
Une réflexion sur “L’art de semer le chaos”