Le devoir de mémoire (Acte 2 : La barbarie et l’indifférence)

En relisant mon dernier texte, je me suis rendu compte que ce n’était pas facile à comprendre. Je m’en excuse… Ce conflit est fort complexe et il faudrait écrire un livre. Lire et écrire un livre est très exigeant et c’est pour cette raison que je tente de faire des textes qui sont le plus concis possible. Le problème avec cette façon de faire : on ne peut pas mettre tous les détails et le lecteur est obligé de faire un petit travail de recherche. Afin d’alléger le contenu, j’ai décidé de ne pas poursuivre ma ligne du temps sur le déroulement de ce conflit. J’ai plutôt choisi de rappeler des faits, pour vous faire saisir certains aspects de trois décennies de guerre, qui tracent la trame d’une histoire tragique et donnant lieu à des actes de barbarie sans nom. Continuons donc avec le deuxième acte de ce conflit désolant, qui fait rage en République Démocratique du Congo.

Quelques faits

  • La MONUC sera mis sur pied en 1999. Elle deviendra la MONUSCO en 2010. Son mandat: voir à la stabilisation du Congo. (Mission de l’ONU pour la stabilisation en République Démocratique du Congo)
  • La MONUSCO est toujours présente sur le territoire et est la plus importante mission des Nations-Unies avec plus de 22 000 casques bleus.
  • Les violences n’ont jamais cessé sur le territoire de la RDC, depuis la présence des Nations-Unies. Cette mission a surtout échouée à protéger la population de l’Est du pays qui est en proie à de vifs combats entre les différentes milices situées sur ce territoire.
  • Joseph Kabila, qui a pris le pouvoir en 2001, est toujours Président de la RDC. Son intention de briguer un troisième mandat est à l’origine de la crise actuelle qui fait rage dans le Kazaï.
  • Depuis le milieu des années 1990, le conflit a fait environ cinq millions de morts. Il est difficile d’écrire le bilan avec certitude, car la marge d’erreur est très importante.

La Barbarie
Au delà du bilan catastrophique évoqué plus haut, j’aimerais vous entretenir sur la liste des plaies qui ravagent ce pays. Chaque pays qui subi une guerre, doit affronter les problématiques suivantes:

  1. Les enfants soldats : Malgré les efforts pour lutter contre l’utilisation d’enfant-soldats, il existe encore près de 3500 enfants impliqués en RDC. Ces enfants sont utilisés comme porteur, combattant ou esclave sexuel. Les blessures infligées à ces enfants sont destructrices. Comme le mentionne, un ancien combattant enrôlé à l’âge de sept ans : « « Je ne sais pas combien de personnes j’ai tuées […] La plus jeune était une petite fille d’environ six ans. Elle me tirait dessus » http://www.irinnews.org/fr/report/99879/grandir-dans-la-guerre-–-les-enfants-soldats-en-rdc
  2. Le viol comme instrument de guerre : Dans pratiquement tous les conflits, le viol est utilisé comme arme de guerre. C’est un moyen pour briser, psychologiquement, les femmes, les hommes et les enfants. En 2010, la reporter de l’ONU des violences sexuelles dans les conflits, Margot Wallström, qualifiait la RDC de : « capitale mondiale du viol ». Ce n’est que depuis 2015, que l’ONU a adopté une résolution pour dénoncer cette pratique en temps de guerre. Malgré que l’on a décidé de se soucier de cette question, les viols continuent et ne sont pratiquement pas punis par la justice. Pire encore, comme l’évoque le docteur Denis Mukwege, prix Sakarov 2014, : « les conflits ne durent qu’un temps alors que les viols peuvent avoir des répercussions sur des générations. » http://www.rfi.fr/afrique/20160619-viol-arme-guerre-journee-onu-rdc-daesh-boko-haram-libye
  3. Une génération qui n’a fait que la guerre : Dans un contexte où la guerre fait rage depuis trente ans, dans quel état se retrouve le système d’éducation de ce pays ? Je vous laisse avec un lien à consulter : http://7sur7.cd/new/2015/03/la-situation-de-leducation-en-rdc-en-20-points/

L’indifférence
Probablement que plusieurs d’entre vous qui ont lu ma dernière chronique, ont appris pour la première fois qu’il y avait un conflit épouvantable en RDC. Ce n’est pas de votre faute, car les médias font le choix de vous montrer des nouvelles. Qu’est-ce qui explique cette indifférence criminelle à l’égard de l’Afrique ? Ce continent est habitué à vivre des catastrophes et ça n’intéresse personne. Je serais curieux de comparer le poids médiatique des conflits en Afghanistan, en Irak et en Syrie par rapport au conflit en RDC. Je ne suis pas en train de vous dire que ce n’est pas grave ce qui se passe dans ces pays, au contraire, mais la comparaison médiatique est probablement disproportionnée. Je m’arrête ici pour cette chronique, car je ne voudrais pas vous perdre. Je vais sûrement revenir sur cette problématique, car il y a tant de choses à dire. Je vous invite d’ailleurs à vous tenir informé sur cette question, en suivant ce qui se passe dans la région du Kazaï. Au passage, regardez ce qui se passe au Sud-Soudan.

 

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